Si les professionnels savaient l'importance de ce petit cahier de liaison ! Quand Géraldine rentre à la maison, avant même parfois de lui dire bonjour, je me jette sur le cahier. Bien souvent, il n' y a rien décrit. Il me suffirait de lire "bonne journée pour Géraldine", et ça irait pour ma soirée. Comme elle ne parle pas, je ne peux rien savoir. On me dit : Mais c'est sa vie, sa liberté de vivre sans toi. Pour mes autres enfants, je n'avais pas ce souci, je ne les questionnais pas sur leur vie à l'école, parce que je savais que s'ils voulaient me dire quelque chose ils pouvaient le faire. Avec Géraldine, je dépends de la parole des autres.
Ne jugez pas notre douleur à l'apparence qu'on donne, ne confondez pas ce qu'on fait et notre douleur, on reste les parents ; même si on a un bon niveau, même si on sait remplir les papiers, on a besoin de vous.
La première chose que les parents demandent aux professionnels, c'est de pouvoir les rencontrer en tant que personnes. Nous ne sommes pas faciles à rencontrer, nous sommes des écorchés vifs.
Je leur ai dit que la compétence ne suffit pas. Il faut aussi de la logique, du bon sens, et même de l'amour pur.
Il est important de parler aux parents. De leur redire les possibilités de leur enfant, les rééducations dont il a besoin. Cette collaboration basée sur la confiance réciproque nécessite que les choses soient clairement définies, débattues, évaluées et écrites.
Nous, on a eu nos enfants depuis le départ, mais ils ne veulent pas le savoir, ils ne tiennent pas compte de ce qu'on fait avec eux : ils voient les progrès que fait l'enfant avec eux, mais je dis que ce sont les progrès naturels, c'est tout.
Ils veulent être considérés comme des partenaires dont on a besoin, et non comme des rivaux gênants. Ils veulent qu'on leur demande ce qu'ils savent de leur enfant, parce que c'est fondamental et important pour lui. Ils veulent que leurs compétences de parents ( ce qu'ils font pour leur enfant depuis sa naissance et ce qu'ils font avec lui ) soient reconnues.
Les parents sont des écorchés vifs , pour eux-mêmes et pour tout ce qui concerne leur enfant.
Je crois aux possibilités de nos enfants ; je crois qu'on peut faire quelque chose avec eux, à condition de regarder leurs points forts. Si on voit l'intérêt de l'enfant, on peut faire un tas de choses.