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Critique de chocobogirl


Naoko est une jeune japonaise, toujours en deuil de sa mère. A ses 14 ans, son père qui l'élève seule décide de l'envoyer à Kyoto pour qu'elle apprenne les bonnes manières et devienne une parfaite épouse. Mais elle, ce qu'elle aime, c'est lire et écrire des haikus, activités peu convenables pour une jeune fille...
Aussi, aidée de la complicité de sa servante, elle s'enfuit déguisée en homme et part étudier la litterature. Son chemin croise celui de Kamo, un beau jeune homme de 16 ans qui va devenir son compagnon de chambre et d'étude. L'amour nait entre eux malgré le déguisement. Puis soudain, le père de Naoko la rappelle pour la marier subitement. Leur histoire d'amour finira alors tragiquement mais se poursuivra dans le corps de deux papillons.

Cette histoire toute japonaise est pourtant inspiré d'une ancienne légende chinoise. Une jeune fille, contrainte par les traditions de son rang et de son sexe à se conformer à un mariage de raison reste impuissante et soumise devant la volonté de son père. Elle trouvera la liberté dans la mort et se métamorphosera en papillon, dont la vie est si éphémère.

L'histoire de déroule donc devant nos yeux de manière assez froide et détachée. On n'y retrouvera pas la subtilité et les non-dits dont les japonais sont si friands. La fin abrupte se fait inattendue et on regrette que l'album soit si court !

On y retrouvera donc l'univers d'un Japon féodal où les jeunes femmes portent des kimonos, où l'on se déplace à cheval ou en chaise à porteur, où l'on s'éclaire à la lanterne.
Et si cela n'est pas clairement dit dans l'album, Naoko semble bien être appelée à devenir une geisha. En effet, elle évoque les 5 années d'apprentissage pour apprendre à jouer le luth, servir le thé, faire danser les éventails. En effet, les Maikos (apprentis geishas) vont suivrent pendant 5 ans un apprentissage où elles apprendront l'art de tenir compagnie aux hommes : danse, musique, litterature, élégance et mantien, ... avant de devenir de vraies geishas.
Le petit hic de l'histoire, c'est que Naoko porte des kimonos fort décolleté dans la nuque et se farde le visage de blanc (marques vestimentaires des maikos) alors qu'elle n'est pas encore en apprentissage. Sa coiffure en chignon, orné de peigne et d'épingles à cheveux est également typique de cet état. de plus, sa passion de la littérature ne devrait pas être un frein à son éducation car une geisha se doit d'être très cultivée.
Autre souci : le père de Naoko la rappelle à lui pour la marier. Hors les geishas sont censés être célibataire. Se marier signifie abandonner le métier.
De petites incohérences regrettables donc... L'auteur a-t'il voulu jouer sur le côté extremement esthétique du personnage de geisha ou bien est-ce de l'ignorance ? J'aurais aimé ce souci de la réalité historique...

Néanmoins, cet album se rattrape par ses illustrations de toute beauté. Etalant une palette variée allant du rouge profond jusqu'au bleu - vert, Lacombe met formidablement en valeur la profondeur et la poésie qui se dégage de ce conte. On notera la branche de cerisier (symbole de beauté éphémère) qui illustre de façon symbolique la derniere planche de l'album où les 2 papillons s'éloignent pour s'aimer en toute liberté.
On relèvera aussi la très belle première page qui dévoile un découpage de papier ajouré qui révèle le beau orangé de la page suivante.

Etant peu habituée aux lectures jeunesse, je ne saurais évaluer clairement le niveau de lecture pour les enfants.
L'album pose la question de la mort de façon assez directe et demande surement un accompagnement par un adulte. La transformation des 2 amoureux en papillons et le contexte japonais peu connu peut dérouter et entrainer quelques questions. Il s'agit ici d'un album qui fait réfléchir et c'est tant mieux !

"Les amants papillons " est donc un très bel album qui utilise avec brio les codes esthétiques japonais. Je ne peux donc que regretter les erreurs citées ci-dessus sur certains éléments du contenu, qui en aurait fait un album exceptionnel.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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