L'acte poétique consiste à percevoir, non à représenter.
La poésie, Mesdames et Messieurs : cette parole d’infini, parole de la mort vaine et du seul Rien.
La faculté du langage –le pouvoir-nommer- est en réalité l’intimité elle-même, la différenciation intime de cet étant qu’est l’homme.
[…] Le langage est l’autre en l’homme, qui le constitue comme l’homme lui-même.
[…] L’homme est constitué à partir du langage, dont il n’est en aucune façon le maître. […] Le langage est l’essence –inhumaine- de l’homme, son (in)humanité.
Aussi le langage peut-il être pensé comme l’origine de l’homme, […] comme ce par quoi l’homme est nécessairement rapporté à l’autre, et donc au tout autre, en sorte que Dieu n’est pas le langage mais la supposition du langage […].
La pensée […] est toujours en risque de ne pouvoir se remettre d’un tel silence.
Le beau donne un plaisir positif. Mais il y a une autre sorte de plaisir, il est lié à une passion plus forte que la satisfaction qui est la douleur et l’approche de la mort. […] L’âme peut […] affecter le corps comme s’il éprouvait une douleur d’origine externe, par le seul moyen de représentations associées inconsciemment à des situations douloureuses.
Imiter le divin veut dire deux choses : vouloir être Dieu (c’est l’expérience tragique des Grecs) ; se régler « en toute humilité » sur le retrait du Dieu (c’est l’expérience « occidentale », tragique encore mais d’une autre façon).
Le devenir-anonyme de Dieu […] est l’historicité, c’est-à-dire la dislocation du religieux. On est très proche, là, de ce qui s’indique dans le « retrait » ou le « retournement-détournement » du divin chez Hölderlin ou dans le « Dieu est mort » de Nietzsche.
[Dans l’échange, le dialogue]
[…] Il n’y a pas […] sortie hors de soi du même (du Sujet) et passage dans son autre, en vue de revenir et de se rapporter à soi pour se constituer comme tel. Mais sous le don (originaire) de l’autre auquel à l’avance toujours il se rapporte, le même est ce pur mouvement par lequel il se laisse creuser en lui, s’ouvrir et s’écarter la béance de l’intimité qui est en lui son « hors de soi originaire » (le temps).