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Critique de fanfanouche24


Le sujet est des plus sensibles, touche beaucoup plus d'hommes et de femmes, que nous ne pouvons l'imaginer...Pour l'auteur, enseignante, mais
qui fut aussi un cancre ou du moins qui vécut un vrai mal-être scolaire... elle sait magnifiquement nous faire sentir le quotidien de Léo, souffrant jour après jour de cet horrible sentiment-poison: la honte !

Notre anti-héros, Léo, est beau, sympathique, sensible, attentif; tout le monde l'aime... Il est d'autant plus oppressant et plombant pour le lecteur de le voir s'enferrer dans une sorte de toile d'araignée et de
prison d'impuissance...
Cruelle ironie du sort: Léo travaille quotidiennement dans une imprimerie !

"Sensualité barbare de Léo: toute la journée, ses yeux passent sur les signes. Il les voit, mais leurs géographies imaginaires ne veulent rien dire. Des angles, des bosses, des creux, des lignes, des vagues, des points: des continents entiers hors du sens, hors de lui. C'est comme ça. Il s'est habitué à ce que le monde parle une autre langue que la sienne et dispense à ses semblables des messages auxquels lui n'a pas droit; Le secret des hommes qui lisent et écrivent lui a longtemps fait envie. il aurait aimé entrer dans le cercle du secret, être initié à la délicieuse confidence. Cela aurait été vraiment formidable de pouvoir ajouter à sa propre histoire toutes celles des autres et de se sentir modifié par leurs pensées. (p. 40) "


Pourtant Léo aimerait tant être comme tout le monde, savoir lire et écrire, vivre la tête haute ! D'autant plus qu'il aimerait se faire aimer de sa belle voisine , Sybille. Sybille qui prend le temps de lui apprendre à lire chaque soir, essayant de le faire progressivement, pour éviter toute humiliation supplémentaire.

Léo est déchiré entre l'envie d'apprendre à lire et à écrire, de s'ouvrir aux autres et à la vie, sans gêne, sans honte et le réflexe récurrent, régulier de se recroqueviller dans sa coquille, de se cacher des autres...Un balancement constant et douloureux entre l'envie d'intégrer la communauté de ses semblables et la fuite de ceux-ci...
On s'attache infiniment à Léo...on aimerait tant qu'il sorte de ce tunnel, que la vie lui ouvre complètement les bras !

Ma lecture en cours est totalement parasitée par le fait que j'ai entendu malencontreusement à cette émission littéraire que la chute du récit était aux antipodes de ce que l'on pouvait espérer pour notre anti-héros...qui sera rattrapé autant par un chagrin d'amour que par son désamour de lui-même.

Je n'en dis pas plus... pour ne pas trop parasiter la lecture
des autres camarades !!!!

On espère, on voudrait si fort que la lumière se fasse pour
Léo... l'espoir devient très fort, si palpable... Lorsque Léo
se lie d'amitié avec un voisin, atypique , misanthrope...
François, qui lui apportera une possibilité de solution pour ne pas se laisser asphyxier par ce manque des mots...
François encourage Léo à prendre la caméra... lui trouvant
un regard exceptionnellement précieux , original, authentique...
Il lui confie dans une lettre ... que pour lui, c'est la caméra
qui l'a sauvé du désespoir de vivre....

"Léo, l'autre soir j'étais bourré. Pas pu répondre à ta question sur l'importance des mots.
J'aurais voulu te parler de la violence liée à leur absence. Les mots qui se débinent c'est une vraie saloperie. Ne savoir ni lire ni écrire ça rend dingue. j'ai été abandonné puis adopté par une famille d'accueil. Je n'étais pas un bon élève, j'ai quitté l'école très jeune.
j'ai eu la chance d'avoir une caméra 16 mm dans les mains à seize ans. C'est à cette époque que j'ai commencé à filmer et j'ai décidé de ma vie de cette manière. Elle était flanquée sur la pellicule, ma vie. Imprimée sur le triacétate de cellulose. Indélébile. Et je la maîtrisais. Le cinéma est un langage comme un autre et il est fait pour toi. (p. 197) "

Je trouve ce texte très fort,d'une très grande richesse...
Par contre , pardonnez-moi...je vais être "vaniteuse" ...
Je me suis permise de me construire une autre fin, juste
pour moi...car celle proposée me laisse dans une nasse
trop sombre...

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