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EAN : 9782330057916
212 pages
Actes Sud (06/01/2016)
3.55/5   200 notes
Résumé :
Illettré raconte l’histoire de Léo, vingt ans, discret jeune homme de la cité Gagarine, porte de Saint-Ouen, qui chaque matin pointe à l’usine et s’installe devant sa presse ou son massicot. Dans le vacarme de l’atelier d’imprimerie, toute la journée défi lent des lettres que Léo identifie vaguement à leur forme. Élevé par une grand-mère analphabète, qui a inconsciemment maintenu au-dessus de lui la chape de plomb de l’ignorance, il a quitté le collège à treize ans,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,55

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"illettré "raconte l'histoire de Léo Cramps, un jeune homme discret , âgé de vingt ans.
Il habite au 7°étage cité Youri Gagarine, aux portes de Paris.
Il occupe seul un meublé aux murs nus.
Léo pointe chaque matin à 6heures3O à l'usine, une imprimerie où il s'installe devant sa presse ou son massicot .
Toute la journée défilent devant ses yeux des lettres que Léo identifie vaguement à leur forme.
Que s'est -il passé l'année de ses six ans? Ses parents, Lucile et Marius se sont évaporés , il a été élevé par sa grand-mére analphabète et aimante.Il n'a jamais réussi à intégrer les codes de l'écriture et de la lecture, a quitté le collége à 13 ans, régressé et oublié les rudiments appris à l'école.
Désormais sa vie d'adulte est entravée par cette tare sous -marine, invisible qui le dévore de l'intérieur , l'isole et le marginalise.
Il dépense une énergie incroyable à cacher ce qui l'accule...
Pour lui c'est plus une honte qu'un handicap, honte tenace, sournoise, humiliation secrète de plus en plus pesante.....,
Il tente de donner le change, tromper les apparences auprés de Sybille, la jolie infirmière venue le soigner aprés son accident.
Il vit dans une nébuleuse, un brouillard, une errance entre les lettres et les chiffres qui l'aveuglent l'anéantissent, assourdissent son quotidien.
Quelle est la solution?
Réapprendre à lire?
Renouer avec ces mots qui le font tant souffrir ?
Il éprouve une tristesse et une colère qui confinent à la nausée.
La honte constante d'avoir oublié les mots, ceux que l'on écrit , que l'on comprend, qui rendent les choses et les êtres palpables modifie même son corps : démarche hésitante, épaules en creux, yeux baissés , hoquet des syllabes.
Ce sujet extrêmement fort, rarement traité, ce mal sournois ,invisible, discriminatoire dont on croit pouvoir ruser mais qui vous rattrape , sur lequel la volonté se brise est brillamment décrit , avec intelligence, talent et empathie.
L'auteur à l'aide d'une écriture à la langue parfaitement maîtrisée, poétique et imprévue donne un relief particulier à l'importance du langage autour des mots, de l'école, de l'estime de soi, impossibles sans le langage.
Le langage c'est la liberté, le manque de mots signifie l'enfermement, ampute ,sape la confiance et l'estime de soi........
Imagine t- on un instant ne pas pouvoir lire et écrire?
Léo devient le fils de l'absence et du mutisme, il flotte parmi les signes, il a oublié , il sombre,il a égaré la clé des mots............je n'en dirai pas plus..
J'ai été bouleversée par ce livre que chacun devrait lire, une réflexion convaincante autour des incidences psychologiques de l'illettrisme .
Ce sujet est traité avec énergie, conviction et une grande sensibilité.
Un grand livre !




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Le sujet est des plus sensibles, touche beaucoup plus d'hommes et de femmes, que nous ne pouvons l'imaginer...Pour l'auteur, enseignante, mais
qui fut aussi un cancre ou du moins qui vécut un vrai mal-être scolaire... elle sait magnifiquement nous faire sentir le quotidien de Léo, souffrant jour après jour de cet horrible sentiment-poison: la honte !

Notre anti-héros, Léo, est beau, sympathique, sensible, attentif; tout le monde l'aime... Il est d'autant plus oppressant et plombant pour le lecteur de le voir s'enferrer dans une sorte de toile d'araignée et de
prison d'impuissance...
Cruelle ironie du sort: Léo travaille quotidiennement dans une imprimerie !

"Sensualité barbare de Léo: toute la journée, ses yeux passent sur les signes. Il les voit, mais leurs géographies imaginaires ne veulent rien dire. Des angles, des bosses, des creux, des lignes, des vagues, des points: des continents entiers hors du sens, hors de lui. C'est comme ça. Il s'est habitué à ce que le monde parle une autre langue que la sienne et dispense à ses semblables des messages auxquels lui n'a pas droit; Le secret des hommes qui lisent et écrivent lui a longtemps fait envie. il aurait aimé entrer dans le cercle du secret, être initié à la délicieuse confidence. Cela aurait été vraiment formidable de pouvoir ajouter à sa propre histoire toutes celles des autres et de se sentir modifié par leurs pensées. (p. 40) "


Pourtant Léo aimerait tant être comme tout le monde, savoir lire et écrire, vivre la tête haute ! D'autant plus qu'il aimerait se faire aimer de sa belle voisine , Sybille. Sybille qui prend le temps de lui apprendre à lire chaque soir, essayant de le faire progressivement, pour éviter toute humiliation supplémentaire.

Léo est déchiré entre l'envie d'apprendre à lire et à écrire, de s'ouvrir aux autres et à la vie, sans gêne, sans honte et le réflexe récurrent, régulier de se recroqueviller dans sa coquille, de se cacher des autres...Un balancement constant et douloureux entre l'envie d'intégrer la communauté de ses semblables et la fuite de ceux-ci...
On s'attache infiniment à Léo...on aimerait tant qu'il sorte de ce tunnel, que la vie lui ouvre complètement les bras !

Ma lecture en cours est totalement parasitée par le fait que j'ai entendu malencontreusement à cette émission littéraire que la chute du récit était aux antipodes de ce que l'on pouvait espérer pour notre anti-héros...qui sera rattrapé autant par un chagrin d'amour que par son désamour de lui-même.

Je n'en dis pas plus... pour ne pas trop parasiter la lecture
des autres camarades !!!!

On espère, on voudrait si fort que la lumière se fasse pour
Léo... l'espoir devient très fort, si palpable... Lorsque Léo
se lie d'amitié avec un voisin, atypique , misanthrope...
François, qui lui apportera une possibilité de solution pour ne pas se laisser asphyxier par ce manque des mots...
François encourage Léo à prendre la caméra... lui trouvant
un regard exceptionnellement précieux , original, authentique...
Il lui confie dans une lettre ... que pour lui, c'est la caméra
qui l'a sauvé du désespoir de vivre....

"Léo, l'autre soir j'étais bourré. Pas pu répondre à ta question sur l'importance des mots.
J'aurais voulu te parler de la violence liée à leur absence. Les mots qui se débinent c'est une vraie saloperie. Ne savoir ni lire ni écrire ça rend dingue. j'ai été abandonné puis adopté par une famille d'accueil. Je n'étais pas un bon élève, j'ai quitté l'école très jeune.
j'ai eu la chance d'avoir une caméra 16 mm dans les mains à seize ans. C'est à cette époque que j'ai commencé à filmer et j'ai décidé de ma vie de cette manière. Elle était flanquée sur la pellicule, ma vie. Imprimée sur le triacétate de cellulose. Indélébile. Et je la maîtrisais. Le cinéma est un langage comme un autre et il est fait pour toi. (p. 197) "

Je trouve ce texte très fort,d'une très grande richesse...
Par contre , pardonnez-moi...je vais être "vaniteuse" ...
Je me suis permise de me construire une autre fin, juste
pour moi...car celle proposée me laisse dans une nasse
trop sombre...

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Eût-il rencontré un aviateur dans un désert, ce n'est pas un mouton qu'il lui aurait demandé de dessiner, mais des mots, et sans lui emprunter sa plume, car Léo ne connaît pas l'art de déchiffrer et reproduire sa langue. C'est un lointain mais profond traumatisme qui l'a privé de cette faculté : c'est lors de son entrée au CP que ses parents ont disparu, du jour au lendemain sans crier gare, sans plus jamais donner de signes de vie ou de mort. Alors Léo a appris, un peu, et mal, puis oublié. Certes il s'en passe, au prix d'une mise en danger réelle (il aurait pu y laisser la vie, lorsque qu'à l'imprimerie (!) où il travaille il a laissé deux doigts dans une presse, faute d'avoir lu l'avertissement devant l'outil), au prix surtout d'une solitude qui lui pèse de plus en plus, surtout depuis qu'une jolie voisine et sa fille occupent ses pensées. Jusqu'où ira t-il pour l'amour de sa belle?

C'est tout le drame du handicap dans une société normative où le droit à la différence proclamé haut et fort et inscrit sur les tables d'un certain nombre de lois montre bien ses limites. Il ne suffit pas que les textes s'érigent en gardiens du droit, il faut aussi que le sujet s'autorise à vivre dignement avec ses limites. Et Léo en est loin : ses lacunes sont pour lui une torture permanente qui a modelé sa façon d'être au monde.

C'est dans un Paris nostalgique et très graphique perçu par les yeux de notre jeune homme pas comme les autres, qui compense sa cécité à l'écrit par une hypersensorialité bien retraduite par l'auteur (ajoutons à cela un besoin de rituels, et l'on est pas loin de troubles du spectre autistique) .


L'écriture sensible, délicate et élégante, se met au service d'une fine analyse psychologique, très touchante.

Les personnages secondaires font l'objet d'une portrait plus caricatural, beaucoup moins nuancée, une peu comme sur ces photos en noir et blanc ou l'on a colorisé un détail.

Cela donne au final un récit poétique sans mièvrerie, un regard mélancolique mais pas désabusé sur de la différence .


Un très bon moment de lecture.

Merci à Glose de m'avoir permis de découvrir ce roman.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Léo est un jeune homme qui vit seul dans un petit appartement proche de l'usine dans laquelle il travaille. Abandonné par ses parents fuyant des malfrats alors qu'il était encore un tout jeune enfant, il est élevé par sa grand-mère qui le couve d'amour et de tendresse. Analphabète, elle a tendance à le tirer dans son monde plutôt qu'à le pousser vers l'école. Léo apprend les rudiments de lecture et d'écriture mais en quittant l'école à 13 ans, il oubliera bien vite les techniques.
Plus qu'un handicap, c'est une honte qu'il ressent pour son manque d'éducation. Amoureux de Sybille, une infirmière, il met en doute jusqu'à ses capacités de vivre et d'aimer...
Un roman très fort et très dur qui nous raconte l'histoire de Léo. Même si j'ai eu du mal avec l'écriture de l'auteur, tout en métaphores et en images, j'ai beaucoup aimé l'histoire et cette approche différente sur l'illettrisme. L'auteur n'aborde pas les stratagèmes du quotidien pour pallier aux difficultés de Léo, mais plutôt les incidences psychologiques que cela engendre... Ce jeune homme n'est pas simplement en manque de mots écrits...
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Quelle écriture pour décrire l'illettrisme et le manque de culture. A travers Léo, Cécile Ladjali manie magnifiquement les mots. Dans une même phrase, on ressent aussi bien de la compassion que de l'horreur. On compatit et en même temps on est en colère. Ca claque et en même temps c'est plein de tendresse. C'est poétique. Quel brio ! Bravo Madame.

Cécile Ladjali décrit avec force ce que ressent Léo, illettré, abandonné à son triste sort par l'Education Nationale, qui ne sait pas comment faire avec des élèves qui « ne suivent pas » le programme. Qu'est-ce qu'on en a à faire de ce qui se passe dans ces chers têtes blondes ? Qu'elles aient des pensées négatives ou que leur parcours personnel soit plus que chaotique ne rentre pas en ligne de compte.

Quel désoeuvrement et quels tourments ! Quelle honte ! Quelles difficultés à essayer d'apprendre a un certain âge ! Et lorsque l'on tombe amoureux, comment avouer à l'autre que l'on ne sait ni lire, ni écrire.

Une très belle âme et un très beau portrait. A lire absolument !
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critiques presse (2)
Liberation
18 janvier 2016
Une dramaturgie qui tient et surprend le lecteur : bien malin qui peut prédire le dernier mot de cette histoire.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeFigaro
08 janvier 2016
Il est des romans si riches qu'on ne sait par quel bout les aborder. Illettré de Cécile Ladjali est de cette trempe-là. Le sujet - extrêmement fort -, la manière brillante de le traiter, tout chez cette romancière respire le talent et l'intelligence. Et encore mieux que ces qualités, ce livre est nécessaire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (94) Voir plus Ajouter une citation
Page 84 – 85
Colère et tristesse furent d’ailleurs les deux legs, dont il hérita tôt. Tombé d’un échafaudage, son père handicapé devenu alcoolique le battait par désespoir. Sa mère, qui élevait la marmaille dans le bidonville de Noisy-le-Grand, eut le cran de se pendre au seul noyer qui s’était entêté à pousser au fond du terrain vague. C’est Bébel qui la trouva. L’ébriété perpétuelle du père le conduisit à la DDASS avec ses six frères. Grâce à l’action de l’abbé Joseph Wresinski, le petit garçon put fréquenter l’école primaire puis le collège, où il apprit les rudiments de lecture et d’écriture. Un matin d’hiver, il rencontra l’abbé. L’homme de Dieu dit à l’enfant d’être courageux et de bien s’appliquer en classe, lequel lui répondit que c’était difficile, en se retenant de pleurer. Il ne parvenait à oublier la vision du corps de sa mère pendue au noyer. Et puis il y avait ce professeur d’histoire au collège qui assenait de drôles de choses comme quoi la culture n’empêchait pas les hommes de devenirs des monstres, que l’Histoire avait fourni beaucoup d’exemples d’êtres abjects bien que très cultivés. Il insinuait qu’il fallait se méfier des livres et savoir rester humble. Et quand il disait ça, il avait des yeux tendres pour Bébel, son bon dernier de la classe. Le cancre devint alors une sorte de mascotte pour le prosélyte démagogue, la preuve incarnée que l’ignorance préservait sa pureté originelle à l’être humain, dès lors que celui-ci n’était pas manipulé par des propos ethnocentristes et dangereusement élitistes. Quand il évoque son enfance, Bébel explique à Léo qu’à l’époque il reçut de la part de son professeur une étrange caution à son état. Une sorte d’accord tacite fut passé entre eux. Le maître plastronnait en pourfendeur des classes dominantes, devenant ainsi le porte-parole des laissés-pour-compte. Le petit Bébel était la vivante affiche de ses idées : l’homme naissait bon et le restait si l’odieuse culture des bourgeois ne le contaminait pas. Outre que ce fonctionnaire de l’Etat devait se trouver dans une situation schizophrénique intenable du fait de ses positions, alors qu’il enseignait à l’école de la République et qu’il était lui-même le produit du système qu’il vomissait, ce dernier manifestait pour l’orphelin une tendresse malsaine. Il le savait sans affection et l’invita plus d’une fois chez lui pour des cours de soutien. Bébel n’a jamais avoué à Léo ce qui se passait lors de ces leçons du soir. Il s’est contenté de lui dire son soulagement quand à seize ans l’usine le priva pour toujours de la présence poisseuse de cet homme.
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Bébel et Léo ont en commun la honte. Elle est tenace, constante. Elle a modifié leur corps : démarche hésitante, épaules en creux, yeux baissés, hoquet des syllabes, le pied qui râpe le sol et n’ose franchir une ligne imaginaire qui terrifie. Mais tout bringuebalant qu’il est, le fait d’être forcé de rester à la surface du sens oblige Léo à un détachement singulier qui ressemble à de la prestance. Le léger déplacement de son être dans les limbes du langage a fini par rendre magistrale sa présence aux autres. Car on le remarque toujours. Quoi qu’il dise ou taise. Ses yeux verts jaugent et jugent si bien, qu’il est difficile de soutenir son regard. Léo est un regard. Il voit avant tout le monde. Anticipe. Devine. Il décèle la beauté là où les hommes ordinaires ne la remarquent jamais. Il la voit s’allumer en néons bleus au sommet de la grande tour, dans le hall de l’immeuble dont les murs sont recouverts de moquette marron, le long de la voie de chemin de fer désaffectée, sur le parvis de l’usine où le vent fait danser des flocons de polystyrène.
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plus que sa grande taille et l’évidente beauté de son corps (corps dont il ne sait que faire quand celui-ci est secoué de tocs), ce qui sidère chez lui est sa démarche. Sa silhouette est frappée par une sorte de légèreté surnaturelle, si bien que le garçon paraît ne pas toucher le sol quand il se déplace. (Cette évanescence des contours rendant plus manifeste encore la propagation des tocs.) Toute l’harmonie des mouvements, qu’arrête la pudeur mais que renforce l’érotisme intrinsèque de celui qui ignore qu’il est beau, est sublimée par la douce ondulation brune des boucles qui encadrent le visage. (Il peut arriver à la jolie tête cependant d’être déformée par un rictus de la bouche, lequel se prolonge jusqu’à l’œil gauche clignant d’angoisse pour rentrer dans la boîte crânienne ployant sur le cou, vissé aux épaules voûtées par le vacarme aveugle d’un mauvais rêve.) Mais quand rien ne l’inquiète, son regard sans voile oblige les hommes à baisser les yeux et leur inspire le sentiment d’une défaite. Le hasard y a peint deux pupilles vertes qui aimantent les filles, lesquelles, au moment où elles y plongent, pensent à l’évidence à des choses dont lui-même n’a pas idée. Sa grâce est manifeste, mais il ne la soupçonne pas. Il reste persuadé qu’il est ridicule de ne savoir ni lire ni écrire et que les femmes ne peuvent pas s’intéresser à un garçon aussi simple que lui. Or ce dont il ne se doute pas c’est que la gent féminine ne décèle rien de cela en lui et que, outre son incontestable beauté, elle devine sa pureté, sa bonté, qu’aucun principe ni individu ne semble avoir jamais souillées. Il y a quelque chose en lui qui participe du miracle quand on le contemple, même s’il reste persuadé de demeurer une espèce de calamité vivante.
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Sensualité barbare de léo: toute la journée, ses yeux passent sur les signes. Il les voit, mais leurs géographies imaginaires ne veulent rien dire. Des angles, des bosses, des creux, des lignes, des vagues, des points: des continents entiers hors du sens, hors de lui. C'est comme ça. Il s'est habitué à ce que le monde parle une autre langue que la sienne et dispense à ses semblables des messages auxquels lui n'a pas droit; Le secret des hommes qui lisent et écrivent lui a longtemps fait envie. il aurait aimé entrer dans le cercle du secret, être initié à la délicieuse confidence. Cela aurait été vraiment formidable de pouvoir ajouter à sa propre histoire toutes celles des autres et de se sentir modifié par leurs pensées. (p; 40)
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Page 85 – 86
La narration de Bébel rend Léo malade chaque fois qu’il l’entend. Evidemment que la culture n’empêche pas de devenir un salaud, il y a cependant tout à parier sur elle. Léo explique à Bébel qu’il n’y avait pas de livres dans le mobile home, que sa grand-mère est analphabète, et qu’il ne se souvient pas de ses parents lui ayant fait une seule fois la lecture avant de s’endormir. Puis il ajoute que tout gosse il eut la chance de mettre la main sur ces cassettes audio, où étaient enregistrées des œuvres qu’il écoutait en boucle. Grâce aux enregistrements, la musique de la langue, les images accrochées à la portée, les rythmes induits par les images font désormais partie de lui. Il en connaît même certains passages par cœur. – Et tu sais ce que cela veut dire connaître par cœur ? – Sais pas. – C’est avoir dans le cœur. Les mots qui sont là, sous la peur, personne pourra les arracher. Quand je vais devant Winkler pour vous défendre, ce sont des phrases entières qui reviennent comme une vague immense qui me porte et me grandit.
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