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Critique de Fandol


L'idée est originale et surtout bien traitée : décrire la vie de Léo, un illettré de 20 ans qui habite près de la cité Gagarine, porte de Saint-Ouen. Ce jeune homme qui vit seul, ose céder aux avances de Louisa, une prostituée, mais c'est Sibylle, la jolie infirmière, qu'il aime, une voisine installée quelques étages au-dessous.
Chaque matin, Léo se lève à 5 h 45 pour pointer à l'usine à 6 h 30. Lui qui ne sait pas lire, il travaille dur dans une imprimerie et cela depuis l'âge de 16 ans ! Hélas, son handicap éducatif lui a coûté deux doigts parce qu'il n'avait pas su déchiffrer un panneau de mise en garde, un jour où on l'avait changé de machine.
Rien n'a été facile pour Léo, même s'il a régulièrement trouvé des gens pour l'aider comme Adélaïde, sa grand-mère, qui a remplacé ses parents disparus subitement alors qu'il était au CP. Ce traumatisme a bloqué ses apprentissages mais il a suivi tant bien que mal une scolarité au minimum. le peu qu'il a appris a été oublié et il invente tous les stratagèmes possibles pour masquer ce qui est une véritable infirmité dans notre monde dit civilisé.
Avec beaucoup de tact, Cécile Ladjali nous fait partager le quotidien d'un jeune homme qui ne cesse de souffrir : « le secret des hommes qui lisent et qui écrivent lui a longtemps fait envie. » Heureusement, une autre personne vient à son secours, Mme Ancelme, la concierge, qui lui permet même de voter avec un conseil très simple : « Deux mots seulement, mon Léo, il n'y a que deux mots sur le bulletin de vote que tu dois choisir. » Et il s'en sort très bien.
Un retour en arrière fait la chronique d'un drame, l'enfance et la jeunesse de Léo avec, en plus, la journée d'appel pour le Service national pour lequel il est réformé, ce qui ne lui plaît pas du tout.
C'est avec sa grand-mère que se déroulent des moments très forts jusqu'à cette cérémonie d'adieu au cimetière de Saint-Ouen : « Devant la tombe d'Adélaïde et l'absence définitive, Léo inspire profondément. Il voit le ciel et se demande si les livres content autant de balivernes que les dieux, puis si les dieux sont aussi menteurs que les hommes qui les ont inventés parce qu'ils avaient peur du vide. »
Pourtant, Léo ne veut plus rester illettré. Il travaille avec Sibylle, se rend aux cours du Centre d'insertion médicosocial, accompagné par Mme Ancelme, la première fois. Ici, nous mesurons toute l'inadéquation de telles opérations vouées à l'échec, comme son parcours scolaire. le choc est dur à encaisser lorsqu'il constate que Violette, la fille de Sibylle, sait lire.
Toutes les aides ont échoué, un homme se noie, ne peut plus rien tout seul. Même le chômage s'en mêle ! Terrible bilan d'une vie pourtant bien du XXIe siècle.




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