Pour la première fois depuis la disparition de mes parents, j'ai, en me les remémorant, un élan de tendresse donnant la main à une nouvelle souffrance, trop humbles, trop soumis, trop souriants sans autres raisons que celles de plaire. D'un coup, je me sens rempli de la tristesse de leur vie.
A la disparition de Suzie, il a fait une croix sur les expédition lointaines, sa légendaire curiosité s'est repliée sur les livres qu'il consulte avec assiduité et les dessins qu'il réalise chaque matin, rien de vraiment artistique, mais plutôt symbolique. [...] Un grand Amour se diffuse au-delà des êtres, il peut inonder la planète, m'a-t-il dit un jour, en bon messager de l'espérance qu'il a toujours été.
Je me revois à 17 ans, malingre comme tous les Parisiens, nous sommes dans les années 2050, en plein coeur d'un siècle qui me fait regretter de ne pas être né dans d'autres temps et sous d'autres cieux, vu la sinistrose qui m'entoure pas de bol, là-haut tout est gris, plus une étoile à l'horizon.
(la première phrase...)
Pendant des semaines et des mois, je ne fus plus que l'ombre de moi-même, indifférent à tous les évènements, je ne participe plus à rien. A l'image d'un ciel englouti dans une fâcheuse absence, l'anesthésie céleste reflète mon intériorité.
Le chauffeur m'explique tout cela avec son bel accent du sud-ouest, tranquille comme Baptiste, on sent que rien ne le dérange. C'est un costaud, un beau poulet avec des brais bras musculeux de camionneur comme on n'en fait plus depuis la direction assistée !