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Critique de Tiphrom


Attention : chef d'oeuvre !

Rainey est une jeune adolescente new-yorkaise des années 1970. Elle vit avec son père, jazzman célèbre, bohème et extraverti, dans l'immense maison-foutoir familiale de Greenwich Village que la mère a déserté rapidement, répondant à l'appel d'époque des philosophies orientales à tendance sectaire. Voici le point de départ, à peu près comme il est présenté par l'éditeur.

Ce roman est d'abord le portrait de Rainey, sur une décennie environ : un personnage troublant, extrêmement attachant mais qui ne se construit au lecteur que dans l'action, le sentiment, la rage et l'hésitation. Rainey est un personnage violent, violenté aussi et violemment attirant, syncrétique, hypnotisant. Elle est tout le monde ; elle n'est personne. Elle est tout lecteur qu'elle ne sera jamais.

C'est aussi une archéologie de l'amour débridé, sa violence et sa réalité. Ou commence le viol, l'abus sexuel, derrière le libertinage ? Sans jamais être crues, certaines pages sont profondément dérangeantes mais construisent terriblement le rapport traumatique de Rainey aux hommes et à la société. A commencer par son père, qu'elle ne sait pas aimer mais ne peut détester. Et la quête de cette mère perdue, mais toujours de biais, par le mensonge et par la bande, pour ne pas laisser vivre son chagrin, sûrement la source de toute sa force.

Mais un individu -- fictif, plus réel que vous et moi -- ne saurait se construire sur un fondement unique. Rainey est aussi le fruit d'amitiés passionnées, réalisées ou contrariées. Elles attire, elle révulse. Elle crée l'envie et en joue. Cela lui donne beaucoup de puissance : elle la rend à l'art, à la création, sa seule vérité, son immense sincérité, le catalyseur final.

Dans un style dépouillé et poétique, grâce à un rythme enlevé, saccadé, très rapide, presque essoufflant, Dylan Landis cisèle un premier roman impossible à lâcher, quintessence du roman new-yorkais contemporain, intelligent et pas moraliste. Un bijou remuant à dévorer sans attendre !
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