J'aimerais tant revenir un instant pour que vous repreniez goût à la vie vous aussi. Je ne savais pas qu'en arrêtant de respirer j'allais vous couper le souffle.
De toute façon, ici, à Sainte-Madeleine-des-Monts, tout le monde se connaît, car il y a autant d'habitants que de lampadaires, et ce n'est pas très éclairé comme village.
On m'a souvent répété de prendre le temps de respirer et de profiter de ma famille ou encore que notre vie nous était prêtée. Comme un cadeau que l'on devait rendre après l'avoir déballé. De ne pas trop en abuser au risque de la perdre un jour. Moi, la mienne, je n'ai jamais su quoi en faire, alors je l'ai rendue. De la même façon que l'on rapporte un livre à la bibliothèque après l'avoir vaguement feuilleté pour en lire les grandes lignes, ou comme un film que l'on retourne au club vidéo à cause du manque de temps et d'intérêt qui fait qu'on na pas été capable de poursuivre le visionnement jusqu'à la fin. J'ai préféré vivre ma vie sur avance rapide, sautant toutes les scènes qui ne me plaisaient pas au lieu de prendre mon temps et de les savourer avec un bon maïs soufflé.
Je n'aurais pas pu amasser de quoi payer mes obsèques, si ça trouve. De toute façon, une vieille boîte de carton serait à la hauteur de mon estime de moi en ce moment.
Il prenait son pied avec la femme du cordonnier, qui ne le lâchait jamais d'une semelle.