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Critique de PhilippeCastellain


J'ignorais que Ramuz avait eu des disciples. Un, pour être très précis. Oh certes, l'influence d'un écrivain ne se mesure pas au nombre de ceux qui ont tenté de suivre sa voie, sinon Emily Brontë ne serait pas haut. Il y a même quelque chose de beau à voir une plume briller dans la solitude. Mais dans le cas de Ramuz, j'avais toujours trouvé un peu triste qu'une plume aussi vigoureuse et atypique n'ait pas plus inspiré. Il est vrai que pour dégoter celui-ci, il faut un ours plus à l'aise avec les livres qu'avec les humains comme mon frère.

La Devinaize, c'est une ferme. Pour le narrateur enfant, c'est le paradis. Son père a la vie et la gaieté dans le sang. Autours de lui tout s'anime et prend vie. Sa mère est, selon les jours ou les humeurs, Marie-Douce, Marie-Gaie, Marie-Gentille. Mais un jour, le cheval revient seul, traînant en brinquebalant une charrette vide. Et le pantin brisé que les hommes du village ramènent et allongent sur une table, c'est lui, son père... Adieu la Devinaize. Adieu Marie-Douce, devenue Marie-Triste. L'oncle, un homme dur, reprend la ferme. Il fait grief à son frère d'avoir troqué de l'argent pour du bonheur. Quand à eux deux, ils iront vivre au bourg. Mais un jour, peut-être...

On sent le souvenir de Ramuz dans la façon dont il façonne ses expressions, quoi qu'en adoucit et plus simple. Sur le fond, c'est Alain Fournier qui se manifeste à chaque page, en revanche. Et dans une certaine tournure aussi bien des phrases que de l'histoire, on reconnaît, et cela m'a surprit, l'influence fondatrice de 'Gaspard des montagnes'.

Autant dire qu'il s'agit là d'une belle plume – très belle même. Ayant fait une synthèse fine de nombreuses influence ; y ayant ajouté son petit plus ; sachant manier la complexité, et mieux encore la simplicité. Il y avait, là aussi, matière à faire école. Malheureusement, la paysannerie était déjà mourante... Et les écrivains sachant écrire passés de mode.
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