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Critique de motspourmots


"Le jour où tu eus la révélation que tu étais aussi con que les autres, tu décidas de te retirer du monde".

On pourrait se décider à lire le nouveau roman d'Erwan Larher rien que pour le plaisir de tomber sur cette phrase au détour d'une page. Bon, il faut dire qu'elle est posée bien en évidence, difficile de la rater à moins d'avancer en sautant les pages par paquets. Faut-il y voir un message ? Une invitation à la clairvoyance pour certains ? Si seulement... Mais on peut aussi lire ce roman pour plein d'autres raisons. le plaisir de retrouver Marguerite (qui n'aime toujours pas ses fesses, au fait) si ce n'est Billie, sa mère, celui de faire connaissance avec Jane, petite nana franche et directe au vocabulaire pas piqué des hannetons. Ou encore pour cette façon qu'il a de mettre le doigt sur des trucs qui vous turlupinent de plus en plus sans que vous n'arriviez forcément à l'exprimer, vous. Parce que, prendre la poudre d'escampette, vous barrer, laisser en plan ce monde de barges ou au contraire lui éviter d'avoir à supporter votre insignifiance, ça, vous en avez certainement déjà eu envie.

Fuir. Disparaitre de la circulation. Jane aimerait bien savoir pourquoi son père s'est carapaté alors qu'elle n'avait même pas 4 ans, ne lui laissant même pas le souvenir de son visage. Depuis, elle n'a eu qu'un silence énervé de sa mère sur le sujet, tout juste lui a-t-elle lâché un jour de colère qu'elle était bien "une fille de musicien". Alors Jane vit au jour le jour, de petits boulots en combines, au gré des rencontres, style cash. C'est justement une de ces rencontres de hasard qui la met sur la piste d'informations sur la potentielle identité de son père. Il est question d'un groupe de rock punk, Charlotte Corday, d'un concert à Dijon et de deux guitaristes, Joris et Johann, deux Jo, comme deux faces d'un même CD. L'un des deux pourrait-il être le père de Jane ? Ne comptez pas sur Erwan Larher pour convoquer Hercule Poirot. le jeu de piste est aussi bordélique que la vie, d'ailleurs "comment croire les bouquins d'histoire qui nous disent comment vivaient les pharaons, les rois et les papes quand deux personnes ayant côtoyé le même mec il y a trente ans ne sont pas foutus de se mettre d'accord sur les événements importants de sa vie ?"

Sur la route de Jane il y a du réel et du fantasme, des récits et des découvertes. Il semble que la société soit quelque peu agitée, le vacarme se faufile parfois dans une brèche, comme cette scène hallucinante et pleine de surprises de tabassage policier dans une impasse. Drôle de contraste avec le calme de certains coins désertiques du centre de la France où il semble que l'on puisse trouver refuge, seul, loin de la folie du monde, fuir... Que vous dire de plus ? C'est tonique, rythmé, bourré d'énergie. Un poil désabusé mais du genre qui n'a pas envie de lâcher l'affaire aussi facilement. Souvent drôle, parfois caustique ou carrément désespéré. Et ça résonne sacrément.

Un conseil : ne fuyez pas avant de l'avoir lu (ou bien partez avec).
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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