AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jovidalens


Pas explicite cette couverture de BD !
Un grand échalas agite de longs bras aux mains comme des oiseaux à l'entrée d'une structure qui pourrait être...une cabine téléphérique qui a subit une chute de neige...

Passé la "lettre au lecteur", délicieusement déjantée de l'auteur, la première page nous met au pied du mur. Et il y en a des murs dans cette histoire.
Ceux des appartements, portes closes , d'où fuitent des parcelles de conversation, de radio... Au pied du mur d'un immeuble baigné de soleil, certainement un matin de printemps. La lumière inonde la page et cette page bruisse de sons ; c'est tellement "réel" qu'on a l'impression de sentir l'odeur du pain grillé, de distinguer les différentes tonalités des voix, le vrombissement du camion et ses freins qui crissent...
Nous entrons dans l'immeuble mais jamais nous n'entrerons dans aucun appartement. Lida Larina nous laisse toujours dehors. le dehors de l'espace où est construit l'immeuble. le dehors des appartement puisque nous restons avec Kolya dans le couloir, devant des portes soigneusement closes des nids des voisins, ou celle de l'immeuble (certainement avec un code d'accès pour éviter les éventuels intrus...).
Des familles cohabitent, se croisent, s'ignorent et supportent un hurluberlu qui lui, vit en osmose avec l'immeuble ; la porte de son appartement est constamment ouverte, il erre dans les couloirs prêt à rendre de menus services ou dans le petit espace vert devant la résidence. Lida Larina maintient son lecteur dans un espace clos et étrangement vivant parce que familier : le notre, celui de nos sempiternelles préoccupations qui restreignent tant la vie, qui réduit le temps humain à une succession d'instants.
Kolya, lui est ouvert à tous les possibles, à toutes les rencontres. Et ses grandes mains et ses larges gestes sont prêts à embrasser, étreindre un monde immense. Complètement en dehors du consensus social du lieu. Lui, il a envie d'être dans le monde, pas à côté.

On ne sait pas grand chose de Kolya car les habitants ne s'intéressent pas à lui : ils sont complétement focalisés sur leur vie. Mais lui est complétement disponible à toute la vie. Un soir d'hiver, il craque. Les voisins font venir les secours. La porte de son appartement est close maintenant. Seul quelque chien semble garder le souvenir de son odeur...
Il faudra attendre les ragots des voisins pour comprendre qui est Kolyan et ce qu'il est devenu.

On le sait que dans nos immeubles il n' y a quasiment pas de vie sociale ; chacun ayant hâte de refermer sa porte sur sa vie et ses problèmes.
Alors il est toléré Kolya. On ne voit de lui qu'un bougre qui s'exprime mal, se trouve toujours sur le chemind'un autre, prend le soleil sur un transat de fortune dans la patio.
Le soir d'hiver où il aura perdu les clés de la porte de l'immeuble aucun ne pensera à le faire entrer pour s'abriter du froid. Une seule personne le verra comme l'homme qu'il est, un homme qui a un besoin viscéral de la communauté de ses semblables et doué de talents ignorés de ces indifférents.

Le traitement graphique est rigoureux, simple : l'impression que Lida Larina a découpé les silhouettes de ses personnages et les fait évoluer sur des décors de papier. Qu'est-ce qui ressemble plus à un immeuble que n'importe quel immeuble ?
Et poutant, la vie pulse.
La palette de couleurs est douce mais nous « voyons » les saisons passer, la lumière faible des couloirs. Traitement graphique et mise en page qui laissent champ libre à l'imaginaire du lecteur. Quand la BD est universelle.
Merci aux éditions ça et là et à Babelio de m'avoir offert la découverte de cet ouvrage et de cette auteure.
Commenter  J’apprécie          21



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}