Ainsi, avec l'obsolescence programmée, la société de croissance possède l'arme absolue du consumérisme.
On peut résister à la publicité, refuser de prendre un crédit, mais on est généralement désarmé face à la défaillance technique des produits.
Finalement, l'idéologie du jetable s'insinue partout comme un poison.
Tout peut devenir jetable, même le fonctionnement de la société et des institutions.
Alexis de Tocqueville avait déjà diagnostiqué une "obsolescence de l'honneur".
L'extension illimitée du champ du jetable pourrait bientôt nous conduire à penser que les mariages, la citoyenneté et les autres relations personnelles ou sociales sont des articles jetables
La publicité crée le désir de consommer, le crédit en donne les moyens, l’obsolescence programmée en renouvelle la nécessité.
Il existe pour chacun de nous un seuil psychologique à partir duquel on préfère renoncer à l' ancien et acheter du neuf. Tout le travail du marketing consiste à l' abaisser le plus possible.(p50)
La publicité a pour mission de nous faire désirer ce que nous n' avons pas et mépriser ce dont nous jouissons déjà.(p 22)
On peut résister à la publicité, refuser de prendre un crédit, mais on est généralement désarmé face à la défaillance technique des produits. Au bout de délais toujours plus brefs, des appareils et équipements .../....tombent en panne à cause de la défaillance voulue d' un élément. Impossible de trouver une pièce de rechange ou un réparateur. Réussirait-on à mettre la main sur l' un ou l' autre qu' il nous en coûterait plus cher que de racheter du neuf fabriqué à prix cassé dans les bagnes du Sud-Est asiatique.(p 34/35)
L'ancêtre de l'obsolescence programmée, c'est "l'adultération" des produits, forme de tricherie sur la qualité pour abaisser les coûts et, accessoirement, stimuler la demande. (p. 57)
Pour le travailleur, la vie « se réduit le plus souvent à celle d’un biodigesteur qui métabolise le salaire avec les marchandises et les marchandises avec le salaire, transitant de l’usine à l’hypermarché et de l’hypermarché à l’usine », sous la menace permanente du chômage.
Le gaspillage des consommateurs, parfois évalué à 30% du total à lui seul, est favorisé par la dévalorisation massive des produits alimentaires industriels, par l'organisation de la distribution et de la vie dans les grands centres, et, bien sûr, par la publicité.
On va à l'hyper- ou au supermarché en voiture une fois par semaine (par exemple, le week-end), on remplit son Caddie en profitant des promotions, on met les achats au congélateur ou au réfrigérateur, on les réchauffe le moment venu au micro-ondes, et, périodiquement, on s'aperçoit que certains produits sont périmés.
Le développement du plastique dans les années 1960 pour les emballages, récipients et contenants divers a révolutionné les pratiques, entraînant une explosion du jetable, avec le consentement tacite ou l'adhésion enthousiaste des usagers.
Ce n'est pas le plastique en soi qui interdit la consigne, puisqu'en Amérique du Nord cette pratique a survécu longtemps pour les bidons de plastique d'un gallon (4 litres et demi) dans lequel était livré le lait aux particuliers, mais l'air du temps.
La pratique des consignes, si respectueuse des ressources, est devenue obsolète, de même que les pots de grès, les jarres de terre cuite, les bocaux et les bouteilles de verre qui servaient à conditionner les boissons, les yoghourts, les confitures, les fruits et les légumes en conserve.
Même si la consigne reste utilisée pour le lait en Amérique du Nord, cela fait figure d'exception. La pratique du contenant jetable a fini par contaminer les récipients faits des matériaux les plus divers : canettes d'aluminium, bidons de fer-blanc, bouteilles de verre, cagettes de bois, etc.
Surtout, elle a favorisé le conditionnement pour la grande distribution, avec, en conséquence, une augmentation exponentielle du volume des emballages dans les poubelles.