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Critique de Toftaky


Quand il parle de Nouveau Régime Climatique, Bruno Latour tente de verbaliser ce qui se déroule actuellement sous nos yeux : réchauffement climatique, extinction accélérée des espèces, catastrophes naturelles… etc., etc.

« Or, à cause des effets imprévus de l'histoire humaine, ce que nous regroupions sous le nom de Nature quitte l'arrière-plan et monte sur scène. L'air, les océans, les glaciers, le climat, les sols, tout ce que nous avons rendu instable, interagit avec nous. Nous sommes entrés dans la géohistoire. C'est l'époque de l'Anthropocène. Avec le risque d'une guerre de tous contre tous. »

Face à la catastrophe en cours, Bruno Latour explique que si nous n'agissons pas plus vite pour chercher des solutions aux problèmes écologiques, ce serait à cause de notre logiciel de pensée qui, depuis les Lumières, explique le Monde par l'opposition entre la Nature (le vivant, que nous transformons et utilisons, ce qui nous est extérieur) et la Culture (l'ensemble des techniques, institutions et traditions d'un groupe humain).

Afin d'expliquer la Nature, l'homme a toujours utilisé le levier de la religion. Après les Lumières puis avec la Révolution industrielle, nous nous sommes éloignés de ce concept pour remplacer le divin par la science. Tout le fonctionnement de la Nature pouvait être expliqué par la méthode scientifique, une simple mécanique d'interactions chimiques, la Nature devint inerte, un simple décor.

Mais la méthode scientifique ne permet plus d'expliquer et convaincre les humains de leur impact négatif sur cet environnement, qui tout à coup, est devenu réactif à notre mode de vie.

Latour nous invite donc à sortir du déni scientifique et à accepter le caractère vivant et non figé de la Nature. Il convoque la figure de Gaïa, l'ancienne déesse symbolisant la vie, la Terre, la planète. Gaïa serait ici un « système fragile et complexe par lequel les phénomènes vivants modifient la Terre. » Il s'en sert comme la métaphore d'une nature animée dont nous faisons partie intégralement mais qui risque de nous détruire, si nous persistons à nier notre impact négatif sur le vivant.

Il propose de nous réunir sous l'égide de Gaïa en une sorte d'O.N.U. du vivant, une gigantesque assemblée des « terrestres » réunissant des représentants des pays, régions, entreprises mais aussi des fleuves, continents, montagnes, rivières, océans, forêts, espèces animales… etc.

Pour régler les problèmes écologiques, il faut repenser la société et son organisation planétaire en tenant compte des intérêts humains, animaux, minéraux, aquatiques par la réécriture d'un contrat de co-propriété !

Ce livre comme la pensée de Latour est parfois complexe mais cette explication de la situation, de ses enjeux et des solutions possibles sont intéressantes. Cela nous amène à sortir de nos débats humanos-humains stériles, à changer de point de vue. Avec ce livre, en bon maïeuticien qu'il est, Latour nous conduit au changement intellectuel, il nous en livre les premières clés. Sans adhérer à tout, nous pouvons commencer à réfléchir à de nouvelles pistes pour l'avenir.
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