Crilence
C’est le cri réprimé de la fillette violée
Qui s’est sentie coupable
Qui n’a été capable
C’est le sanglot muet de l’amour repoussé
La tête est enterrée
Et les oreilles bouchées
C’est le vide béant dans un cœur arraché
Quand le un devient deux
Quand on coupe au milieu
C’est la terrible angoisse d’être seule en été
Quand la foule est autour
Quand s’écroule le jour
C’est la mer retirée lors des grandes marées
Quand la grève asséchée
Crache ses vénéridés
C’est le temps qui s’arrête comme l’oiseau blessé
Qui tournoie en tombant
Écrase les amants
Hurlements de chagrin n’ont plus droit de cité
On doit les étouffer
On ne doit pas gêner
C’est le crilence
Demi-Vrai
Laissez-moi s’il vous plait
Dire des demi-vrais
Raconter des mensonges
Juste des invensonges
Garder le privilège
De bouger les arpèges
De jongler dans le temps
De sonder le néant
En aucune façon
Mon mot n’est confession
Vous qui me connaissez
Ailleurs que sur papier
Ne vous laissez donc pas
A l’heure de mon trépas
Envahir par le doute
Je mens à tous à toutes
Je trafique mes histoires
Je mélange mes déboires
Toutes mes entourloupes
Amplifiées à la loupe
De fond en feinte lissant
De fil en faille glissant
J’imposture en douceur
J’affabule en douleur
Mais jamais hypocrites
Mes vérités écrites
Baratin d’évidences
Sur l’imposture je danse
Certitudes tentées
Réel élaboré
Tels des friandises
Dédouanant ma franchise
Pour vous me mets à table
Mais ne suis pas coupable
Ligne rouge
Je lance mes bidons à l’amer
Tume et faction
Coulant à perte mais sans fracas
Boomerang en pleine gueule
À marée montante
Alors
Je montre mes fesses à la lune
Sans sourire sans désir
Je lance ma ligne sans réseau
Sans fil et sans appât
Attrape qui pourra
Qui mordra répondra
À l’eau allo
J’arrache à pleines dents
La nuque de mes angoisses
Echevelées
Effilochées
M’en nourrir m’en vomir
M’en mourir
Et je vous crie à vaine voix
À veine ouverte
À veine accrue
Oubliez-moi
Secourez-la
Je n’ai besoin de personne
Ni Harley ni David ni Sun
Juste envie d’eux
D’elles et de vous
Et de lui
Et de Toi et de toi
Et de toi
Et d’un toit démentiel
Et d’un ciel démonté
Mon âme ment
Son amant
Alter Ego
J’effacerai ton drame
De rester éternel ado
Je laperai tes larmes
Serpent de sel de cri et d’eau
Enlace-moi de ton charme
À ton amour je suis accro
Je déposerai mes armes
Tu seras mon alter ego
Tu connais le sésame
Je suis ton deux, dis-moi le mot
Viens
Dédale
Les murs trop blancs
Réverbères de mots écrasés
Comme des crachats régurgités
Sur mon Néant
Ombres funestes
Scarabées mous de mon rorschach
Verdictent l’heure de mon écart
Passage à l’ouest
Le faux-semblant
A raison de ma déraison
Mirage des poings liés-lions
Camisolant
Crier sans voie
Lactée maman oh abandon
Piqure d’oubli tue électron
Entendez-moi
Semer des glands
Perdu chemin dans le bocal
Désespérée mon âme Dédale
Les murs trop blancs
Tu as les bras trop courts
Pour faire le tour de mon cœur
J’aurais voulu te retrouver
Mais je pars pour me perdre
Enroulée autour de l’arbre
Le clown pleure
Grimé de tristesse
Quel fard d’eau
L’oreille a forme de fœtus
Alors écoutons
Notre enfant intérieur