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Critique de Zazette97


"Fume et tue" est le second roman de l'écrivain français Antoine Laurain, paru en 2008.
Fabrice Valantine a 50 ans. Il est marié à Sidonie, à son boulot mais surtout à la cigarette dont il consomme allègrement 2 paquets par jour.
Pour faire plaisir (ou faire taire c'est selon) à sa femme, il accepte de se rendre chez un hypnotiseur qui le fera renoncer à la cigarette. Et ça marche, enfin...le plaisir de fumer disparaît mais reste néanmoins l'envie... Perturbé par ce "changement de vie", Fabrice se demande comment retrouver ce plaisir qui lui manque tant.
Une nuit, dans le métro, un homme tente de s'en prendre à lui. Fabrice se défend et envoie l'agresseur sous les rails du métro. Pris de panique, il court jusque chez lui et allume une cigarette. le plaisir de fumer lui revient instantanément mais disparaît à nouveau peu de temps après.
Lui faudra-t-il dès lors éliminer systématiquement une vie pour prendre plaisir à s'en griller une?

Bon sang, je tuerais pour une cigarette! Non pas moi (enfin si parfois, pfiou c'est compliqué...), Fabrice Valantine.
Voilà un homme que l'on sait, dès l'ouverture de ce roman, condamné à la prison.
Le décor est planté et passé ces premières phrases (extrait que j'aurais d'ailleurs bien imaginé en quatrième de couverture), corrigez-moi si je me trompe, on a forcément envie d'en savoir plus !
Le récit narré à la première personne nous emmène dans le passé de Fabrice Valantine. Un passé rempli de souvenirs tabagiques au point que l'on ne peut s'empêcher de se dire que toute la vie de cet homme tourne autour de la cancerette.
Elément systématiquement associé à des rencontres agréables et des moments clés de la vie de Fabrice Valantine (rencontre avec sa femme et son patron, découverte du sexe, souvenir du père,...), la cigarette est la vraie vedette de ce roman.
La nicotine est présente à chaque ligne. Elle se devine dans les moindres mots et même dans le nom de famille du personnage. Ses effets sont développés, poétisés, encensés. Ses détracteurs et leurs prêchis-prêchas sont rabroués. Ah ils ne comprennent donc rien !
Je me suis tellement retrouvée dans tout le roman. Dans cet adieu nécessaire qui n'est jamais assez long. Dans ce changement de vie radical. Devoir casser les habitudes, rompre les associations, compenser sans y arriver, combler l'absence. Lutter contre ces petites cellules de mon cerveau qui me disaient "au secouuuuuuurs, donne nous à manger !"
Me réveiller toutes les nuits. Chercher quelque chose sans savoir quoi. Pleurer et pester tant tout cela me paraissait ridicule. Et puis cette impression que la vie manquait subitement de saveur alors même que mes papilles retrouvaient le vrai goût des choses. le goût amer qui avait disparu et qui pourtant subsistait sous une autre forme.
Renoncer à la cigarette équivaut à lutter contre soi-même. C'est très dur et je suis d'autant plus contente d'y être arrivée et de pouvoir répondre à qui me demande une cigarette : "non désolée, j'ai arrêté" :)

Enfin bref. Revenons-en au roman. Et les meurtres dans tout ça? Je dirais qu'ils ont résonné en moi tels des exemples de la mauvaise foi du personnage. Des prétextes au maintien de sa dépendance façon " Vous voyez ce que ça donne quand j'essaie d'arrêter de fumer? Je pète un sérieux câble et je tue des gens. En fait, je n'aurais jamais du essayer d'arrêter. Maintenant c'est pire."
Oui, malgré les meurtres, on rit. On rit parce que le lien de causalité entre cigarette et meurtre est présenté de façon assez cocasse et apparaît comme une dérive des plus extrêmes mais aussi parce que l'air de rien on s'attache à ce personnage intelligent, drôle et cynique à qui l'on souhaite de retrouver la paix intérieure.

Les fumeurs (et de manière plus générale, "les accros", que ce soit de chocolat, de café, de vin, de coca, de rognures d'ongles et j'en passe) rient parce qu'ils se retrouvent dans les réflexions de Fabrice Valantine sur la dépendance.
Les anciens fumeurs dont je fais partie (et qui ne deviendront jamais des non-fumeurs tant, apparemment, l'envie de fumer reste toute la vie :/) se souviendront avec nostalgie de leur ancienne compagne disparue, regretteront parfois (oui enfin sans doute pas les files chez le libraire ou les sprints nocturnes pour trouver un night-shop encore ouvert) mais ne replongeront pas pour autant (yes we can!)
Quant à ceux qui ne sont accros à rien (ça existe?), passez votre chemin et vous irez au ciel bande de...je plaisante hein!

Une douce drogue qui a su me rendre accro durant quelques heures. Un précis d'humour noir qui a su me faire rire. Un nième aurevoir qui me laissera un souvenir ému.
Une vraie pépite en somme et qui mérite les avis dithyrambiques dont elle a fait l'objet !
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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