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Critique de Lire-une-passion


Je lis trop peu de romans contemporains, et surtout avec des thèmes aussi difficiles, ici : l'abandon de la mère, en laissant ses deux filles survivre sans elles. Je savais qu'en le commençant, j'allais forcément être touchée. Et ça a bien été le cas. J'ai adoré ma lecture, mais en même temps, j'ai eu énormément de peine pour Lucille et sa petite soeur, Wren.

Un terrible constat vient de tomber sur la tête de Lucille : leur mère, à elle et Wren, vient de les abandonner. Elle leur avait promis de rentrer quand elle irait mieux, mais voilà des jours qu'elles n'ont aucune nouvelle, et pour Lucille, sa mère est partie pour ne jamais revenir. C'est à présent à elle de garder la tête hors de l'eau, de survivre et de ne pas oublier l'éducation de sa petite soeur. Les factures s'entassent, le frigo se retrouve vite vide et comme elle a trop honte de ce qu'elle vit, elle n'en parle à personne. Seuls sa meilleure amie, Eden, et son frère, Digby, sont au courant de sa situation. Ils vont tenter de l'aider, mais toujours dans l'ombre, car Lucille ne veut pas que cela s'ébruite, de peur qu'on lui retire sa petite soeur.

Dès le premier chapitre, on s'attache à Lucille, et on voit en elle une battante, malgré ce qui lui tombe sur le coin du nez. Bien évidemment, elle aura des moments de doute, bien évidemment qu'elle sera triste et énervée, mais elle essaye toujours de garder le dessus sur ses sentiments pour ne pas blesser sa petite soeur, qui, bien qu'elle soit jeune, comprend rapidement la situation. D'ailleurs, Wren est parfois trop adulte pour son âge, on le constate très rapidement, tout simplement par ses gestes et ses paroles. Quant à Lucille, elle se retrouve vite dépassée par les factures, le frigo vide et elle se rend compte qu'elle va devoir trouver un job rapidement pour subvenir à leurs besoins. Mais un soir qu'elle rentre chez elles, elle découvre que quelqu'un est passé en catimini : les tiroirs et le frigo sont pleins de nourriture ou encore des muffins au pied de l'escalier. Est-ce quelqu'un qui leur veut du mal, ou est-ce que parmi cette pénombre qui tisse peu à peu sa toile, il reste une part de lumière ?

J'ai trouvé que le sujet de l'abandon était très bien traité. On est évidemment touchés par ce qu'elles vivent, c'est indéniable, mais l'auteure décrit juste ce qu'il faut. Elle ne rentre pas dans l'absurde et dans des descriptions horribles, pour nous mettre les larmes aux yeux. Et puis il y a aussi cette amitié fusionnelle avec Eden, sa meilleure amie. C'est un pilier pour elle, toujours là pour lui remonter le moral, ou encore la remettre sur le droit chemin. Car évidemment, Lucille se perd de temps en temps, elle baisse les bras une ou deux fois, mais Eden est toujours là pour lui donner un coup de pied aux fesses. Mais leur amitié n'est bien sûr pas à l'abri des coups du sort et de la vie en général. Néanmoins, l'auteure a très bien amené cette relation belle et distante à la fois.

Elle pourra aussi compter sur Digby, le frère d'Eden, dont elle est secrètement amoureuse. Il sera un vrai ami, même s'il reste plus en retrait que sa soeur. Ce qui ne l'empêchera pas de l'aider quand il le pourra et la soutenir dans ses moments de faiblesse. En réalité, j'ai beaucoup aimé ce trio, qui nous fait malgré tout passer de bons moments ! On sent cette amitié si forte, et qui peut se relever de catastrophes et de douleurs.

La seconde partie du roman m'a particulièrement touchée, car l'auteure appuie vraiment là où ça fait mal. Elle n'hésite pas à pointer du doigt les douleurs, les égarements et les éloignements. En plus de cela, Lucille pense à son père qui est interné, et les souvenirs refluent en elle, ce qui ne l'aide pas forcément à aller mieux. L'amitié et l'amour sont vraiment les deux sujets que l'auteure a traité avec justesse et beaucoup de douceur et de tristesse à la fois.

En résumé, c'est un roman qui m'a beaucoup touchée par son thème de l'abandon. Il est vrai qu'on a du mal à imaginer une mère abandonner ses enfants. On dit que l'instinct maternel est toujours le plus fort, mais parfois, il est difficile d'oublier ses soucis et de sombrer peu à peu dans la mélancolie et la tristesse, de vouloir être seul pour mieux rebondir. Je conseille vraiment cette lecture à tous, qui, je le sais, pourra en toucher plus d'un.

* Je remercie Marie et Hachette pour leur confiance ! *

Justine P.

« Je ne pense jamais à ma mère, sauf certains matins au moment d'ouvrir les yeux, lorsque le réveil de mon téléphone se met à sonner et vibrer. Dans ces moments-là, je vois son regard bleu électrique, aussi éteint que le jour de son départ. Et les barricades que j'ai pu bâtir pour m'en protéger se révèlent bien impuissantes. Alors je prends une seconde. J'inspire. Je plonge dans ses yeux, puis je les attrape et je les replie. En deux, parce qu'elle nous a abandonnées, en quatre, parce qu'elle n'est pas revenue, je les plie en huit, jusqu'à ce qu'ils deviennent minuscules, deux points bleus insignifiants, et ensuite je souffle dessus. »

« Les gens me fascinent avec leur soif de tragédie, ou de tout ce qui s'en approche, avec leur propension à se l'approprier, leur incapacité à rester en dehors dès qu'ils ont une occasion de se mêler de la vie des autres. Facebook et tous les autres réseaux sociaux ne font qu'accentuer ces travers. »
Lien : http://lireunepassion.blogsp..
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