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Critique de motspourmots


J'ai eu la chance d'être témoin de la genèse de ce livre, un petit miracle qui met en lumière une initiative vouée à rester dans l'ombre. Longtemps menée sans bruit par Charlotte Milandri (fondatrice de l'association 68 premières fois), face discrète de l'opération qui invitait chaque année les auteurs sélectionnés qui le souhaitaient à intervenir aussi en maison d'arrêt. Des rencontres autour de leurs romans et la plupart du temps des ateliers d'écriture ; ils en ressortaient souvent marqués, comme en témoignent les textes qu'ils ont écrit ensuite et que nous avons relayé sur le blog des 68 premières fois.
Parmi ces auteurs, Caroline Laurent.
Dans ce livre, Charlotte et Caroline racontent l'aventure née de leur envie d'aller plus loin, de poursuivre et d'approfondir le travail esquissé autour des mots. Ce que cela implique est complexe, tant sur le plan administratif, juridique que relationnel. Il faut avoir passé un moment avec « ceux du dedans », avoir observé les regards, les gestes, la concentration, avoir écouté leurs textes, avoir palpé l'atmosphère du lieu pour saisir le maelström d'émotions qui en résulte. C'est ce que Charlotte et Caroline rendent palpable dans ce récit construit autour des mots et qui ne cesse d'interroger ce qui se joue pour chacun, ceux du dedans et elles, celles du dehors. Conscientes des barrières, des réalités qui ont conduit ces hommes ici mais attachées à faire jaillir les mots, comme un patrimoine commun.
Le parti-pris de la construction, ces allers-retours entre dehors et dedans, l'alternance des voix, l'attention aux mots, tout ceci aboutit à un reportage captivant, incarné, sincère, exempt de naïveté mais pas d'émotion. Nourri par la foi en l'acte d'écrire.
« On a ce pressentiment, je crois : que là-bas on n'écrit pas sur le banal, on n'écrit que les virages, les élans, la violence, l'espoir, on n'a pas le temps, et pas l'espace, pour diluer et faire semblant. Un écrivain, dans le fond c'est ça, c'est quelqu'un qui va vite. Quelqu'un qui se sort les mots des poumons – grouille-toi ! - pour ne pas mourir asphyxié. En ce sens, nos gars sont des écrivains. »
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