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Critique de AgnesdeC


Il m'est très difficile de chroniquer un ouvrage d'anthropologie, n'ayant moi-même aucune autre connaissance qu'empirique du sujet auquel l'auteur a consacré des années de sa vie.
La démarche de celui-ci a été de questionner et remettre en cause la version officielle (portugaise) de l'histoire de la société cap-verdienne, ainsi que des projections plaquées telles quelles d'autres sociétés créoles ou issues de la colonisation.
D'une façon qui m'a déstabilisée, il débute sa démonstration par le récit d'observations relatives à l'influence des croyances religieuses sur la vie quotidienne et le destin de plusieurs familles des îles sous le vent, principalement Santiago et Fogo, à l'origine du peuplement et de l'établissement de comptoirs de traite négrière et d'exploitations agricoles employant une main d'oeuvre esclavagisée. Ces observations constituent le premier « promontoire » de sa démonstration.
Il s'appuie ensuite sur un deuxième promontoire, sa connaissance de l'empire Mossi du Mali et des structures religieuses et sociales qui sous-tendent les relations entre personnes de statut différent notamment alors que la traite vers l'Afrique du Nord est déjà bien installée et que la traite occidentale démarre.
À partir de ces deux promontoires, l'auteur retrace les parcours des différentes populations arrivées au Cap-Vert sur une base inégalitaire (les courtiers, les colons, les captifs esclaves, les hommes d'église) et l'instauration de la plantation esclavagiste comme base de la société cap-verdienne initiale.
La ruine de celle-ci fait évoluer le système de plantation esclavagiste vers le système de « fazenda », où la terre et l'eau appartiennent à l'ancien planteur qui, tel un seigneur européen du moyen-âge, loue ses terres à des serfs (esclaves libérés) à des conditions indignes, gardant une mainmise économique et sociale sur la société. L'étude de ce système et de la creolisation de la religion catholique qui en résulte fait l'objet du troisième promontoire de la démonstration qui aboutit au constat actuel de l'emprise forte des religions extérieures fortes de promesses d'enrichissement au côté de la sorcellerie traditionnelle.
C'est un ouvrage dense riche en digressions, sans doute trop pour un public non spécialiste. J'ai appris et compris beaucoup de choses sur ce pays qui m'est cher… il mériterait d'être synthétisé sous une forme vulgarisée afin de permettre le dialogue nécessaire entre ce modèle de créolisation et ceux du Brésil, des Antilles, du Sud des Etat-unis ainsi qu'avec la Négritude. Et ce, ailleurs que dans des colloques de spécialistes.
Merci aux éditions Depaysage et à Babelio Masse critique pour m'avoir donné l'occasion de découvrir cette collection !
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