AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de palamede


En 1967, les Mauriciens sont appelés aux urnes pour décider de leur indépendance après 157 ans de présence coloniale britannique. Mais si l'archipel des Chagos dépend de Maurice, il ne va pas bénéficier du même sort. L'indépendance de Maurice étant conditionnée au « détachement » de l'archipel des Chagos, les Chagos vont rester aux mains des Anglais. Dont Diego Garcia, que les Anglais ont loué aux Américains pour cinquante ans reconductibles. le but étant d'en faire une base militaire, qui plus est, vierge de tout habitants autochtones.

Le jour où Les îlois de Diego Garcia l'apprennent, ils ont une heure pour faire leurs bagages. Rassembler le peu de choses qu'ils peuvent porter (leurs chiens seront gazés avant même qu'ils aient quitté leur île). Parmi eux, Marie, une basse-classe, une fille-mère chagossienne tombée amoureuse de Gabriel, un créole mauricien bon teint qui travaille pour le gouverneur. Marie et sa famille qui, malgré cet amour, comme beaucoup de Chagossiens, vont se retrouver après une traversée éprouvante exilés à Maurice, livrés à eux-mêmes, sans espoir de retour.

Partant d'une histoire d'amour impossible, Caroline Laurent nous plonge dans le drame historique des Chagossiens — vendus aux Anglais par le gouvernement mauricien. Un drame qui dure encore. En 2000, la Haute Cour de Londres a reconnu le dépeuplement des Chagos « illégal », accordant (en théorie du moins) aux Chagossiens le droit de retrouver leurs îles sauf Diego Garcia. Droit auquel, en 2004, deux décrets de la Reine Elisabeth ont mis un terme. Par la suite des procès ont eu lieu qui leur ont donné raison, mais comme les îlois n'ont pas encore retrouvé leurs terres, ils continuent à se battre. Nul doute que dans leur juste lutte ils peuvent compter sur le beau talent de Caroline Laurent pour porter leur parole.

Caroline qui raconte que ce magnifique roman a eu pour origine une histoire que lui racontait sa mère. Celle de sa famille qui a fait partie des derniers visiteurs libres des Chagos, alors qu'ils allaient aux Seychelles où son grand-père venait d'être nommé.
« C'est une histoire que me racontait ma mère. Pas un conte pour enfants, non, une histoire vraie, qu'elle grattait de temps en temps comme une vilaine plaie. Une tragédie insulaire. Les mères connaissent les berceuses et les sortilèges. Parfois aussi, d'une lumière dans le regard, d'une fêlure dans la voix, elles se trahissent. L'enfant devine un secret. ... ce secret c'est celui d'une souffrance. D'un arrachement. Une fille ne laisse pas sa mère souffrir. Alors, elle écrit. »
Commenter  J’apprécie          9211



Ont apprécié cette critique (77)voir plus




{* *}