AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de dannso


J'aime l'été, pour un tas de bonnes raisons, les jours très longs, le beau temps souvent, les vacances, les bains de mer et les balades en montagne, les apéritifs au jardin, les BBQ, …
Une autre raison, c'est que je consulte moins Babelio. J'entends déjà vos cris, quoi, c'est une bonne raison cela ? En partie oui, car étant moins sollicitée par toutes vos critiques, j'ai l'occasion d'aller chercher quelques romans au fin fonds de ma PAL, et j'y trouve quelques pépites.
Celui-ci en est un exemple.

Années 1970 : L'archipel des Chagos est constitué de trois iles, dans l'océan indien, sous la dépendance de l'ile Maurice, encore colonie anglaise. Les habitants y vivent paisiblement, de l'exploitation de la noix de coco, sans papiers, sans argent, sous la gouvernance d'un administrateur anglais. Un référendum mauricien entérine la décision de l'indépendance, mais le sort des Chagos se dissocie de celui de l'ile. L'archipel reste anglais et est cédé aux américains pour l'établissement d'une base militaire. Les habitants auront une heure pour quitter l'ile et seront débarqués à Maurice sans aucune explication, sans aucune compensation. A eux de se débrouiller.

L'auteure, à partir de cet évènement historique construit un roman aux personnages émouvants, à la fois marqués par le destin et la dureté de la vie après leur exil, mais lumineux. Elle nous raconte l'amour contrarié de Gabriel, mauricien créole, adjoint du dernier administrateur, et de Marie-Pierre Ladouceur. Il est blanc, elle est noire, leur vie sur l'ile est heureuse, mais ils seront séparés par l'exode des Chagossiens.

L'auteure mêle adroitement trois temporalités, la première à partir de 1967 conte la vie sur l'ile, l'arrivée de Gabriel, sa vie avec Marie, puis le départ forcé de ses habitants fin 1970 ainsi que les premiers mois difficiles sur Maurice.
La deuxième démarre fin 1973 et alterne avec la fin de la première. Les administrateurs anglais ont été retenus plus de deux ans sur l'ile pour gérer le transfert aux américains et Gabriel a perdu la trace de Marie. Cette partie raconte le retour de Gabriel sur Maurice, et comment il va tout faire pour renouer avec Marie et le fils Joséphin qu'elle a eu avant de quitter Maurice, le sien ou non, mais dont il se sent le père car c'est lui qui l'a entouré pendant ses premiers mois.
Et enfin dans de courts chapitres qui parsèment le livre, c'est Joséphin qui parle, des derniers mois de sa mère, du combat qu'ils ont mené d'abord ensemble, puis lui tout seul, contre le crime dont les Chagossiens ont été victimes et qui le mènera finalement à la Cour internationale de justice de la Haye.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a fait découvrir une terre et un drame dont j'ignorais l'existence. La construction intelligente contribue à passionner le lecteur pour ces hommes et ces femmes dont la vie est bouleversée par une décision inique. J'ai été embarqué dans ce récit, et par cette écriture qui décrit si bien les paysages, les odeurs, les couleurs, mais aussi le bidonville et la dureté de la vie. J'ai été émue par ces personnages qui passé l'effarement du début vont savoir se battre sans jamais abandonner, qui vont affronter avec courage et dignité un sort tragique, recommencer une nouvelle vie dans un lieu dont ils ignorent, tout, en commençant par l'usage de l'agent inconnu à Chagos.
Je n'ai qu'un regret, avoir attendu aussi longtemps pour le lire.
Commenter  J’apprécie          6421



Ont apprécié cette critique (63)voir plus




{* *}