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Critique de Frtrb


Comment faire pour aborder une autre culture, à l'heure du développement d'un tourisme de masse de plus en plus artificiel et destructeur ? Alors que les distances sont considérablement amoindries pas la technique, cette question épineuse se pose avec une urgence grandissante.
Heureusement, certains auteurs comme François Laut sont là pour y répondre. le biographe de Nicolas Bouvier (Nicolas Bouvier : L'Oeil qui écrit), autre grand écrivain voyageur, nous propose un périple particulièrement immersif en Corée du Sud. Fort de ses trois années dans ce pays lointain, il nous livre ses chroniques coréennes, rassemblées sous le titre Monsieur Tout-Blanc.
Il s'agit de douze fictions, douze récits de rencontres qui étonnent par leur diversité. On y croise une Allemande visitant la frontière entre les deux Corée, en quête d'un écho à la déchirure passée de son propre pays, un metteur en scène français lors de son aventure amoureuse avec une Coréenne, une famille d'expatriés qui se retrouve lors d'un voyage dans le sud du pays ; et d'autres histoires encore, mêlant des visages locaux et occidentaux, dans lesquels se reflète un portrait tout en nuances du pays que l'on dit « du matin calme ». C'est l'occasion pour le lecteur de découvrir des traditions, des codes sociaux, une mystique subtile et magnifique, surprenant composé de chamanisme et de bouddhisme ; l'occasion également d'observer l'occidentalisation grandissante et l'arrivée fracassante de la modernité dans ce petit bout d'Asie, déchiré par une réalité géopolitique à la fois terrifiante et fascinante. Avec empathie et humanisme, François Laut nous livre sa vision sans concession de la Corée du Sud, et ce faisant nous enchante, nous questionne, et parfois même nous indigne, mais toujours nous enrichit.
Se déploie ainsi le style résolument personnel mais toujours percutant d'un excellent conteur. Sa plume concise et nette recrée parfaitement une atmosphère de voyage, entre visites formelles, moments surpris, rencontres fortuites, anecdotes savoureuses… Ses personnages, occidentaux ou non, sont autant de compagnons de route avec qui nous partageons beaucoup plus qu'un regard sensible sur la Corée du Sud. Nous profitons aussi d'eux-mêmes, de leurs doutes et de leurs passions. C'est la vision subjuguée d'un journaliste face à une grande actrice de cinéma, ce sont les magouilles de Max, un expatrié qui tente sa chance dans le milieu du football asiatique, c'est encore la fascination d'une jeune Coréenne pour un ami voyageur… Ces vies, ces expériences, ces désirs inachevés nous accompagnent également tout au long de l'oeuvre. Car c'est cela aussi le voyage : un temps au-delà de la simple rencontre culturelle, qui atteint parfois le coeur de l'humain.
On referme le livre, et la dernière chronique, Tu te souviendras, préfigure ce qui nous en restera : des images, pêle-mêle, photographies mentales d'une aventure littéraire délicieuse, au goût de voyage lointain. Moments privilégiés ou situations anodines, on ne choisit pas ce qui marque notre esprit. Cependant on se souviendra de l'affection de François Laut pour la Corée du Sud, sentiment que le lecteur éprouvera peut-être pour ce beau pays qu'il aura un peu découvert.
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