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Critique de Negreanu


Il n'y a bien souvent qu'un pas très léger entre causticité et infréquentabilité. A quelques dizaines d'années près, les oeuvres de Gérard Lauzier auraient certainement fait l'objet d'incessantes polémiques et de suspicions concernant ses intentions et ses sympathies.

Avec Souvenirs d'un jeune homme, l'auteur de Lili Fatale donne vit à Michel Choupon, un personnage fascinant qui cristallise une certaine forme de bêtise militante et adolescente plus actuelle que jamais à en juger par le succès de certains sociologues farfelus.

Choupon est un petit bourgeois blanc en pleine crise de culpabilité. En révolte contre sa classe sociale, contre son père et contre la société liberticide, ontologiquement raciste et inégalitaire. Cette vision va de paire avec un manichéisme qui refuse de distinguer et d'évaluer les individus non pas en fonction de leurs actes mais de leur appartenance à une ethnie, religion ou une orientation sexuelle.

Et le jeune Choupon en est une sublime incarnation. Adolescent complexé par son physique et la conscience de sa propre impuissance, il ne cesse de lutter à son échelle, modeste donc, contre l'injustice. Son action se limite, dans ce tome à deux combats :

- Un combat social de proximité : En conflit ouvert et constant avec son père, un chef d'entreprise pourtant bien accommodant mais symbole patriarcal à abattre. Il résiste à son influence à table, et lui fait savoir combien sa figure réactionnaire appartient au passé. Il amènera sa famille au bord de la crise de nerf en lui imposant un chantage affectif très puéril.

- Un combat sexuel : En s'éprenant d'une "jeune racisée" comme disent certains crétins, Michel Choupon croit oeuvrer - par la seule force de sa libido - au recul de l'endogamie et de l'intolérance. Il faut dire que Salima est très belle. Il tombe instantanément sous le charme de cette apprentie comédienne, qui a tout un tas de copains très familiers autour d'elle.

Le pauvre Choupon va connaitre les affres de l'amour non réciproque, et les revers liés à ses aspirations artistiques. En enchaînant les bides avec la femme de ses rêves, il ne trouve le réconfort qu'en compagnie de la famille recomposée de son meilleur ami, des babas-cool qui sont dans le fond assez glauques.

Un scénario fulgurant que Lauzier a d'ailleurs adapté au cinéma sous le nom de "P'tit con", avec Balasko, Guy Marchand, Souad Amidou, Caroline Cellier, Philippe Khorsand et Daniel Auteuil. Une petite comédie au casting imposant, rarement diffusée à la télévision. Une mise à l'index pas si surprenante que cela au regard de l'incroyable charge qu'elle constitue envers le manichéisme d'une certaine gauche Mitterrandienne (d'SOS Racisme aux indignés écolos libertaires).
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