Un après-midi de janvier
de pluie et de café
à partager des chips Black Pepper and Lime
Les mots tombent
telles des gouttes d’eau
sur la table de la cuisine
On laisse le temps germer
entre nous
L’après-midi liquide
Du R&B éthiopien
flotte doucement
dans la pièce
Par la fenêtre
la grande cheminée brûle
ses derniers souvenirs
Une vie
qui ne m’appartient pas
Comment a-t-elle pu revenir
à ce qu’elle avait quitté?
la Carter, la 8e
leurs fantômes
Ses épaules bougent
au rythme des ombres
d’Addis-Abeba
L’Afrique lui coule
le long du dos
inonde la cuisine
d’effluves berbères
Je me noie
tout près d’elle
dans l’après-midi liquide
Je cherche un pont
entre Rouyn et Nairobi
Impuissant
face au jour qui s’échappe
sur cette étrange musique
éthiopienne
À quand l’amour à Zanzibar?
Nous avons longtemps
rêvé du Sud
là où tout devait arriver
le soleil et la chaleur
sur nos vies
Nous voilà
au nord du Nord
à pleurer
l’immensité du pays
exilés
en nos propres territoires
Les deux pieds
dans l’écume
la mer du Labrador
nous éclabousse
de sa lumière bleue
À quand
l’amour à Zanzibar
les vergers de mangues
les jardins de menthe
Où est cette île
que nous cherchons
chaque matin
dans nos tasses de café
Cet eldorado
que nous laissons fuir
dans l’ordinaire des jours
Pourquoi ne pas s’offrir
Zanzibar à Blanc-Sablon
Des jets d lumière tiède
frappent à nos portes
Ces enfants qui courent
sur la plage
des bâtons à la main
Ce sont les nôtres
Ils redessinent
nos promesses
dans le sable gelé