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Critique de victoryhelene


Le titre à la tonalité scientifique (« protocole ») laisse penser à un récit d'anticipation, un récit de science-fiction. Pourtant, le cadre dans lequel s'inscrit cette histoire paraît des plus banals, c'est l'image d'un quartier pavillonnaire paisible et familial.
Or, ce paysage présente rapidement des aspects caricaturaux. de jolies maisons toutes identiques, bien entretenues. de gentilles familles. Un rythme de vie routinier. Tout est parfait...trop parfait. Et Guillaume Lavenant semble dénoncer cette façade à l'apparence idyllique, comme si tous les habitants de ce quartier aspiraient à ce modèle unique et idéal, gage de bonheur. L'auteur pointe cette hypocrisie de notre société qui impose implicitement un objectif, sorte de paradis qui est en fait un quotidien bien lisse et monotone. le récit aurait donc un enjeu politique, dénoncer un conformisme délétère et insidieux qui s'infiltrerait jusque dans nos vies privées.
Pour ternir ce tableau immaculé, l'auteur imagine un groupe sectaire très mystérieux. Ses agents, des personnes énigmatiques, sont en mission secrète. Il s'agit de saboter ces petites vies bien réglées par des attentats du quotidien. Ainsi, une « gouvernante » se retrouve dans une de ces familles idéales et, progressivement, elle détruit leur schéma routinier. Ses actions sont minimes et souvent obscures comme verser tous les jours un liquide sur le parquet pour empêcher la porte d'entrée de fonctionner correctement. En fait, son rôle consiste à ouvrir des brèches, à agrandir des failles, à laisser s'insinuer l'imprévu.

L'histoire s'avère donc originale d'autant plus que le choix narratif est audacieux. le récit se fait à la deuxième personne du singulier, au futur. Cette voix unique déroule le fameux protocole et se fait oracle car tout semble prévisible. Mais ce procédé restreint les points de vue et s'apparente vite à une litanie prophétique assez lourde. Elle est hypnotique mais aussi lente et pesante.
De plus, le livre entretient les zones d'ombre. Mais l'ensemble reste trop énigmatique à mon gôut. Cette armée imaginée par l'auteur demeure jusqu'au bout totalement mystérieuse. L'écriture m'a ainsi semblé trop parcellaire. Et ma lecture s'est révélée souvent frustrante.
De même, la fin s'emballe et le récit devient caricature des films apocalyptiques américains. On perd la subtilité entretenue jusqu'ici pour tomber dans le grand spectacle.

le roman pourrait être qualifié de conte moderne ou dystopie sociale et politique. Il dénonce l'aveuglement d'une société qui court absolument après un bonheur parfait, s'engouffrant volontairement dans un conformisme forcené.
L'enjeu est ambitieux, la forme est originale, mais le livre manque selon moi de substance. Je suis « restée sur ma faim ».
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