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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 26 à 30 de la série, ainsi que le numéro spécial consacré à Poyo, tous parus en 2012. Tous les scénarios sont de John Layman, et les illustrations et les couleurs de Rob Guillory. Ce tome fait suite à Première Ligue (épisodes 21 à 25).

Tout commence par une vente aux enchères de tableaux de maître... enfin un maître particulier du nom de Quindim Buongiovanni (un sabopictor) dont les tableaux intéressent 2 grands cuisiniers (Barnabas Cremini et Chow Chu). Ça continue avec Toni Chu menant une enquête pour le compte de Chow Chu. Puis il est question de grenouilles psychotropes (quand on les lèche, on part pour un grand voyage dont la nature est fonction de la couleur de leur peau). le récit passe alors aux relations entre Toni Chu (Antonelle de son vrai prénom, et cibovoyante pour le compte de la NASA) et Paneer Sharma (son chef au sein de la NASA). En guise d'intermède, le lecteur suit plusieurs missions de Poyo (un coq avec des implants cybernétiques qui font de lui un cyborg de combat redoutable), allant des Enfers jusqu'à une pluie de moutons. Arrive alors le moment du défilé de haute couture avec des vêtements confectionnés à partir de viande et de chair de poisson. Seules les forces combinées de Toni Chu, Caesar Valenzano, John Colby et Tony Chu (dans son fauteuil roulant) pourront venir à bout de tous les mystères.

Le premier épisode est donc l'occasion de raconter une histoire en 1 numéro, avec 2 nouveaux pouvoirs surnaturels dérivés du sens du goût. Layman et Guillory sont de nouveau déchaînés : les pouvoirs sont drôles, l'exagération comique est au rendez-vous, le scénario tient la route au premier degré. Ils continuent de jouer avec l'image récurrente de 2 amants dans un lit sous le drap en vue du dessus, cette fois-ci c'est le tour de Toni Chew, et le résultat est toujours aussi savoureux, avec plus de sentiments que pour John Colby. Est-ce l'effet cumulé des 5 tomes précédents, ou une amélioration de la sensibilité de John Layman ? Toujours est-il que la personnalité de chaque protagonistes ressort mieux, à commencer par Toni et Chow.

Puis le récit rentre dans le vif du sujet. le lecteur a le plaisir de découvrir que les apparitions un peu artificielle d'un nouveau pouvoir ou 2 par tome sont entièrement justifiées par le récit ; il ne s'agit pas juste d'une grosse ficelle. L'adjonction de grenouilles psychédéliques amazoniennes s'intègre parfaitement à l'environnement de la série. Décidemment, Toni Chu prend corps pour devenir l'un des personnages les plus séduisants de la série, et les plus chaleureux. En plus D-Bear (Deshawn Berry) effectue une nouvelle apparition avec sa jolie permanente afro et son gros peigne dans les cheveux. Comme à son habitude Guillory trouve le juste milieu entre la reprise de clichés visuels évoquant la blaxploitation et une exagération rendant le personnage très expressif et totalement unique.

C'est à ce moment là que Layman et Guillory achève la conquête de leur lecteur avec le numéro spécial consacré aux exploits de Poyo. Il est impossible de croire à la crédibilité de ce volatile cyborg sans avoir lu la série. Oui, il s'agit bien d'un coq de combat qui a dérouillé lors d'un match, qui a été opéré par une équipe de scientifiques qui lui ont greffé des implants cybernétiques. Oui, c'est complètement délirant. Oui, il s'intègre parfaitement au reste du récit. Dans cet épisode, Layman et Guillory peuvent augmenter la composante humoristique pour faire la place belle à l'absurde. C'est énorme du début jusqu'à la fin. Ça commence avec la pluie de moutons, prenant au premier degré l'expression anglaise "It's rainning cats and dogs" (l'équivalent de "Il pleut des hallebardes") et l'exagérant pour un effet absurde magnifique. Ils arrivent à garder le rythme et ce ton de bout en bout de l'épisode.

La transition avec les 3 épisodes suivants se fait tout naturellement grâce au défilé de haute couture, avec des vêtements à base de nourriture, pas si éloigné de la réalité que ça (souvenez-vous de la robe de steaks portée par Lady Gaga, authentique). Layman et Guillory diminuent le niveau d'absurde pour augmenter le développement de l'intrigue, tout en conservant la part dévolue à la personnalité de chacun. le lecteur obtient quelques informations significatives sur cette histoire de vampire, et sur ses objectifs. le suspense s'intensifie petit à petit pour déboucher sur... un moment des plus intenses et des plus prenants de la série. Layman écrit des scènes dans lesquelles les différents personnages découverts jusqu'alors refont une apparition. le lecteur peut alors apprécier la capacité de Guillory à donner à chacun une apparence spécifique car ils reviennent tous en mémoire facilement. L'humour se mêle au drame d'une page à l'autre, parfois sur la même page, et parfois dans la même case, sans se neutraliser. Il s'agit certainement d'un moment parmi les plus difficiles à réaliser que de mêler humour très noir et tragique, en faisant naître ces 2 émotions contraires en même temps chez le lecteur : empathie pour le drame se nouant, et sourire devant l'énormité de ce qui est dessiné. Guillory s'amuse également à rajouter des messages humoristiques sur des écriteaux de manière sporadique. Ce dispositif est amusant mais il manque encore un peu d'intensité (on est loin des commentaires sarcastiques et méchants de Kevin O'Neill dans Marshal Law).

Dans le tome précédent, Layman et Guillory avaient déjà atteint l'équilibre qui faisait parfois défaut à leur série dans les tomes précédents, entre humour décalé et absurde, et intrigue bien structurée et pleine de suspense. Avec ce tome, ils conservent cette narration en intensifiant chaque composante pour une lecture exceptionnelle. N'oubliez pas votre betterave, vous en aurez besoin.
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