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Critique de MarcoKerma


la Légende de la mort : plus d'une centaine - comment faut-il appeler ces récits ? - des légendes auxquelles les gens croyaient, plus ou moins peut-être - de récits (prenons un terme plus neutre) qui montrent que la mort - les morts - était très présente dans la vie des Bretons (surtout ceux du Finistère et des Côtes d'Armor), présente au sens de taux de mortalité et présente, pour avoir une prise sur elle, sous forme de discours. La dire pour l'exorciser ? La mort est personnifiée (l'Ankou), les morts sont "vivants", en tous cas ils reviennent chez eux et les vivants, les "vrais" doivent faire toutes sortes d'actions pour que l'âme des morts (anaon) trouvent le repos ou, en tous cas, que les morts aillent soit en Enfer, soit au purgatoire, y compris sur terre mais sans déranger les vivants, soit, s'ils ont eu une vie sans péché, au Paradis. Il y a derrière ces récits une portée philosophique - ou en tous cas morale : par exemple, le Linceul de Marie-Jeanne et la Bague du Capitaine posent la question de la définition, de la valeur d'un vol.
Le Braz a fait aussi oeuvre d'ethnologue : la tradition du proella ancre l'île de Ouessant parmi les rites ancestraux autour de la mort existant dans les sociétés du monde entier les plus anciennes.
Certains récits ( le Paradis, les 2 ivrognes..) sont aussi sociologiques : la manière, par exemple, dont ils relient, avec lucidité, humour et auto dérision, la question de l'alcoolisme avec celles du paradis et de l'enfer.
Bref tout ça est intéressant, instructif et assez truculent, même si, puisque le thème est assez précis, peut sembler parfois un peu répétitif.
Etant Breton, je constate que ces légendes survivent encore aujourd'hui : en Finistère sud par exemple, des gens parlent d'une "dame blanche" que l'on peut entrevoir parfois, la nuit, au bord des routes, sans que ces gens cherchent à apporter une explication rationnelle..( cela n'a rien à voir avec une théorie du complot, qui sévit ni plus ni moins en Bretagne qu'ailleurs) le nom de certains rochers, îlots, sont riches de ces légendes et les pêcheurs locaux connaissent ces noms..
Il y a par contre un récit qui fait tâche - mais montre sans doute la réalité de l'antisémitisme à l'époque -, c'est Jean Carré qui montre un personnage nommé "le juif" qui compile toutes les caractéristiques qu'on trouvera, par exemple, à l'horrible exposition à Paris dans les années 1930. Ne faudrait-il pas annoter ce récit dans une édition plus responsable ? (celle que j'ai lue est celle faite par les éditions Jeanne Lafitte distribuées par Coop Breizh)
Notons enfin qu'il n'est jamais question de korrigans ou autres farfadets dans ces récits, alors qu'ils sont très présents dans le "folklore", largement commercial, d'aujourd'hui.. Peut-être sont-ils apparus plus tardivement ?
C'est donc un document culturel à lire qui, comme toute légende, ouvre, en laissant s'épanouir l'imaginaire, une autre dimension, une perspective créative sur le réel.
Lien : https://marcokerma.com
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