J'ai retrouvé le ton violet, orangé et brun de cette bande dessinée. le dessin narre bien la mort d'un taureau en trois cases et si vous vous demandiez à quoi ressemblent les Argonautes, vous y verrez la réponse. Ce tome est plus dramatique que le premier, qui servait d'exposition. J'aime la façon dont le "coup de foudre" de Médée, qui demeure fière, et loin du cliché de l'amoureuse de l'amoureuse transie, est raconté.
Evidemment, il y a des partis pris sur le traitement de l'action et des personnages. Les Argonautes y sont dépeints d'une certaine façon comme des brutes , on aperçoit Orphée et sa lyre. La nourrice y est plus tendre. le roi et son fils y sont décrits l'un comme davantage fou et cruel, l'autre comme aussi handicapé que dans le premier tome. Jason est un "beau ténébreux", qui conclut des marchés et échange gloire et amour. Son attitude où il se vante, prenant pour lui les exploits de Médée, préfigure une suite sanglante, et tragique, la rancoeur de Médée montant.
J'aimerais, maintenant que l'action est mise en place, commenter une scène vers la fin, je mets évidemment un spoiler : la mort du frère. Je me demande, sachant que dans le mythe Médée le découpe en morceau pour se tirer d'affaire, et que dans la BD, c'est un handicapé mental (j'ignore s'il l'était dans le mythe), comment ces deux éléments seraient reliés, en clair comment ce meurtre serait traité. le parti pris ici (c'est une déformation du mythe) est qu'Absyrtos se tue par accident et que les Argonautes le découpent en morceau, après s'être moqués de ce pauvre "idiot". Ce choix scénaristique absout Médée, mais il a le mérite de ne pas verser dans le validisme et surtout de garder la cohérence de l'action -car si Médée avait voulu tuer son frère, il aurait fallu montrer des indices de cette volonté plus tôt dans l'oeuvre. Et l'unique mot prononcé par ce Prince jusque là muet, "père", et le renoncement à poursuivre les "héros" (pour récupérer les morceaux de la dépouille du frère= est sans doute la dernière marque d'humanité chez ce tyran.
Voilà, parenthèse un peu longue, mais cette fois le dessin se fait moins naïf, et j'attribue à ce tome la note de cinq étoiles. Ce "ton violet", cette couleur magique et tragique, prend davantage de profondeur que le tome précédent (exposition) qui en comparaison était un peu long pour peu d'évènement.
A quoi bon l'héroisme ? Et le tragique ne se loge t il pas dans les passions humaines? Ces questions qui sont déjà des réponses se posent à cette lecture. Je lirai le suivant, au sujet du couple Médée -Jason, avec de hautes attentes, en les espérant justifiées.
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