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Critique de Bougnadour


Trente ans après Un pur Espion est ressorti encore grandi de ma relecture et garde sa place dans mon panthéon le Carré où les places sont pourtant chères.
Toute l'oeuvre de le Carré interroge la loyauté. Envers qui et envers quoi devons nous être loyaux ? Quel est le ciment de notre personnalité ? Est ce la famille, les amitiés, la patrie ou tout simplement nos idéaux? Cette question traverse le roman autour de son principal personnage Magnus Pym, qui est souvent présenté comme un double de le Carré, le roman étant très autobiographique de l'aveu même de son auteur.

Pym est donc le parfait espion, il faut dire que son enfance l'a bien préparé avec un père escroc flamboyant et virtuose du mensonge.Sa mère ayant disparu du paysage il doit se construire seul développant un sens aigu de l'observation et de la dissimulation en relation avec un père aimant mais manipulateur et inquiétant.

Dans les moments de fortune de son père il est élève de ces publics schools anglaises qui forment autant aux humanités qu'à la perversité et aux préjugés de classes, ce qui n'arrange pas son cas.
Plus tard en Suisse devenu un étudiant heureux il découvre une forme de liberté riche de savoir et d'amitiés qui le suivront pour le meilleur et le pire. Mais sa personnalité n'échappe pas aux recruteurs des deux camps de la guerre froide qui le reconnaissent rapidement comme un des leurs.

Comme souvent chez le Carré on retrouve le personnage en fin de carrière à la croisée des chemins au moment où les étaux se resserrent.
Ce métier d'espion était fait pour lui mais qui a vraiment été Magnus Pym, quelles ont été ses loyautés et ses trahisons voilà le sujet de ce roman dense où l'ecriture de l'auteur atteint son sommet en posant, dans une phrase proustienne, les questions de toute une vie.
Immense roman qui analyse les rapports père/fils, l'éducation, les relations sociales et amoureuses et pour peu que l'on s'accroche nous donne à comprendre la complexité d'un homme.
Le livre est aussi un hommage aux grands écrivains du XIXème que le Carré admire particulièrement De Balzac à Dickens, on ne peut que rapprocher Pym et Pip le héros Des Grandes Espérances qui doit sa fortune à un malfaiteur. le Carré s'inscrit dans cette lignée, celle des écrivains qui n'ont pas peur du romanesque pour décrire une société.
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