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Critique de Piatka


Imaginez : un danseur beau, puissant, expressif sur une grande table ronde et rouge au milieu d'une scène faiblement éclairée, des danseurs qui tournoient autour de cette table au rythme envoutant d'une ritournelle, une des oeuvres musicales les plus jouées au monde, le Boléro de Maurice Ravel.
Avant de découvrir le livre de J.M.G le Clézio, le Boléro était pour moi associé à la chorégraphie épurée et sensuelle de Maurice Béjart ( un autre Maurice...) dansé par un Jorge Donn félin, habité par cette musique singulière. En moins de 10 minutes, la mélodie vous prend aux tripes, son rythme monte crescendo pour symboliser l'obsession, la montée en puissance de la rage, de l'impuissance, de la force de vie triomphante, avant de s'éteindre subitement. Si vous n'avez jamais vu, éprouvé ce Boléro-là, faites un tour sur internet, cette interprétation dansée est non seulement magistrale, mais elle éclaire de façon originale l'interprétation littéraire du Boléro par Le Clézio.

Pourquoi évoquer un ballet me direz-vous, il s'agit bien d'un livre ici ?
Tout d'abord, il ne faut pas oublier que le Boléro est une musique de ballet composée et créée en 1928 à l'Opéra Garnier pour Ida Rubinstein, grande danseuse russe. La première, le 22 novembre, est mentionnée par Le Clézio, à la toute fin du livre car sa mère y était. C'est clairement le point de départ et d'arrivée de ce roman fortement auto-biographique, même si le Boléro n'est que le point d'orgue du livre. En effet, pourquoi sinon l'appeler ritournelle de la faim ? Associer deux mots que tout oppose ? Sauf si la ritournelle est le Boléro, puissant, envoûtant, violent, et la faim, puissante, obsédante, violente, toutes les formes de faim en fait évoquées par Le Clézio ; la faim physique, liée à la pauvreté, la seconde guerre mondiale, la faim pour l'argent, pour l'amour, et tout simplement la faim et la soif de vivre de l'héroïne Ethel.

C'est le destin d'Ethel de 8 à 20 ans que l'écriture sensible et limpide de l'auteur nobellisé en 2008 ( l'année de parution du roman ) nous livre avec une musique toute personnelle et un talent qui éclate à chaque page. Très beau portrait d'enfant puis de femme qui prend son destin en main alors même que sa famille subit une faillite et l'exode.
Ce roman relativement court est puissant, entraînant, violent aussi, mais non dénué de poésie, tout comme la ritournelle de Ravel. Deux chefs d'oeuvre qui seront maintenant associés pour moi, symboles très forts de l'énergie vitale.

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