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Critique de Fauvine


À partir d'une situation originale : une famille déménage et la narratrice, qui reste seule la journée (parce qu'elle travaille chez elle, vivant de sa plume), doit composer avec les passages intempestifs de l'ancien propriétaire, un vieux monsieur viscéralement attaché à la maison et qui ne semble pas admettre qu'elle ne lui appartient plus ; Aude le Corff en vient à parler de la violence et des traumatismes engendrés par la seconde guerre mondiale chez les enfants et particulièrement ceux dont un parent a été exécuté. Elle parle également de la brutalité qui se perpétue, des personnes malmenées par la vie ou même détruites et qui se déchargent de leur souffrance sur d'autres, les plus faibles, souvent leur progéniture. La narratrice, d'abord saisie de stupeur face aux déambulations du vieil homme dans sa maison et dans sa cave, renonce finalement à lui demander son double de clef ou à faire changer les serrures car elle le prend en pitié (il vit le reste du temps en maison de retraite) et parce qu'elle finit par s'y attacher, malgré son caractère bourru. Les deux protagonistes se confieront peu à peu et se répareront un peu l'un l'autre, puisque Guy ressemble au père de la narratrice, un mauvais père mais qui regrette ses actes et puisqu'elle est le reflet pour Guy de ses filles qui se sont éloignées de lui, portant en elles les séquelles de leur enfance à ses côtés. Ce roman manque parfois un peu de rythme ou de surprises mais a le mérite de poser des questions très justes et de réfléchir sur les conséquences d'une enfance malheureuse, pour la personne elle-même et ses propres enfants : « Si seulement j'avais reçu l'enseignement de la douceur et les fondations dont j'avais besoin enfant, le moindre silence ne prendrait pas des allures d'indifférence, je serais moins friable et, cette force, je pourrais l'offrir à mes enfants, d'un souffle anéantir leurs angoisses et ne laisser vivre que les rires, la confiance et la tendresse. Mais alors je n'aurais pas en moi, et depuis toujours, cet intarissable besoin d'écrire » (p.49), « ce besoin de faire mal, inconscient et plus fort que lui, le besoin de me faire subir ce qu'il a lui-même enduré, enfant » (p.70), « il joue au fort, ne voulait pas avouer que cela avait pu le meurtrir » (p.67, ou comment un homme qui refuse d'admettre la malveillance de son père et de se désillusionner, de reconnaître l'anormalité de ce qu'il a supporté, veut croire que ce n'est pas si grave et s'autorise lui-même à infliger les mêmes humiliations à sa fille, à reproduire)…

ps : les numéros des pages font référence à l'édition Stock, format pocket.
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