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Critique de Aquilon62


On a tous entendu parler dans nos manuels d'histoire de "La guerre de Cent Ans", peut-être un peu moins "des Guerres d'Italie ".
Il s'agit d'une période de soixante-cinq ans, qui débute en 1494, lorsque le roi de France Charles VIII engage son armée contre les forces d'Alphonse d'Aragon, roi de Naples, pour s'arroger son royaume.
Et qui se termine au printemps 1559, par la paix du Cateau-Cambrésis, qui obligea ces mêmes rois de France à renoncer à leur visée impérialiste dans la péninsule
Mais que revêt cette expression? ,
C'est ce que vient Magistralement, nous exposer cet ouvrage qui sera, à mon sens, amené à faire date. Et ce au moins pour 2 raisons :
Tout d'abord, il existe très peu d'ouvrages traitants à proprement parler des Guerres d'Italie. Alors certes, elles sont abordées dans des biographies des Rois, Reines, Princes ayant régnés à cette époque, où dans des livres qui englobent plus généralement l'histoire de tel ou tel pays ;

Ensuite un jeu sémantique car les textes contemporains parlent de "voyage" , "d'expédition", d'"entreprise", de "conquête" ou de "reconquête" pour qualifier les interventions militaires des rois de France sur les territoires qu'ils souhaitaient dominer dans la péninsule.

Enfin ce furent des guerres protéiformes, car ce fut par la France que tout arriva, et d'autres puissances telles que l'Espagne, Venise, la papauté et les cantons suisses tentèrent elles aussi de s'emparer, seules ou avec des alliés, de territoires situés dans la péninsule, alors véritable conglomérat d'États sous différentes suzerainetés. Parallèlement, ces mêmes puissances, poussées par leurs désirs expansionnistes, cherchèrent à se détruire mutuellement pour mieux préserver leurs acquis et leur indépendance, imposer davantage leur autorité ou poursuivre plus facilement leurs ambitions.
Ces multiples conflits eurent pour conséquence de transformer cette identité géographique qu'était alors l'Italie en principal champ de bataille de l'Europe pendant plusieurs décennies, causant outre des bouleversements politiques, des dizaines de milliers de morts, sans même évoquer les destructions des villes et des campagnes.

Ce temps, qui permit en premier lieu à la France de devenir la principale puissance européenne, s'acheva par l'incontestable domination de la monarchie hispano-impériale sur cette même Europe. Les guerres d'Italie furent le révélateur de ces mutations.

Alors qui dit guerres protéiformes, dit livre protéiforme. Ça ne tombe pas sous le sens car on aurait pu avoir, à l'instar d'autres livres historiques, une succession de faits et de dates qui s'enchaînent jusqu'à saturation...
Ici le choix est de confier à une ou un et/ou des historiennes et historiens, la rédaction d'une partie du livre, au nombre de 14 :

Vue de France : prendre pied en Italie pour bâtir un empire ;
Les Suisses dans les guerres d'Italie : l'épreuve du feu des « faiseurs des rois » comme le dit si bien Francesco Guicciardini dans son Histoire d'Italie, vers 1540 « Dans cette guerre la gloire n'était pas destinée aux Français, ni aux fantassins allemands, ni aux armes espagnoles ou vénitiennes, mais aux Suisses seulement. » ;         
Le duché de Savoie ou la tentation d'un impossible entre-deux ;
Janua Janua Italiae : du déclin au siècle d'or (consacré à Gênes) ;
La Lombardie, champ de bataille de l'Europe ;
Venise ou l'occasion manquée d'une hégémonie italienne ;
Ferrare et Mantoue, ou faire la guerre en ne s'appartenant pas ;
Florence, la République bouleversée par la guerre ;
La fin tragique de la république de Sienne ;
La papauté dans les guerres d'Italie ;
L'impossible lac ottoman, ou le Turc en Italie ;
Posséder Naples pour dominer l'Italie ;
Maximilien Ier et le Saint Empire romain germanique dans les guerres d'Italie, avec une somptueuse analyse du tombeau de "l'empereur élu Maximilien Ier (1459-1519) qui déclara à la fin de sa vie qu'il avait mené trop de guerres. Au su de la multitude de conflits dans lesquels il fut impliqué, tout au long de son existence, cela n'est que trop compréhensible. Pour autant, c'est bien une image de prince guerrier qu'il souhaita laisser à la postérité. Une image que ses successeurs firent perdurer en faisant achever le monument qui devait lui servir de sépulture, vraie ode à ses actions politiques et militaires." ;
Charles Quint, l'Italie et l'Europe.

Didier le Fur l'explique très bien : "Quant au choix de l'ouvrage collectif, il s'imposa comme une évidence, pour cultiver justement cette multiplicité et maintenir la diversité des regards. Ainsi, inexorablement, s'esquisse un autre monde aux échelles de valeurs multiples dans lequel les ambitions sans modérateur, les prétentions sans juges communs sont autant de causes de guerres et où les particularités de chacun se révèlent par l'effet des contraires. le tout aidant, nous souhaitons le croire, à une meilleure compréhension de ce temps, où la guerre fut, il ne faut jamais l'oublier, un état quasi normal de la vie de l'Europe."

Grâce à ce livre les Guerres d'Italie sortent du décor de l'histoire pour reprendre la place qu'il leur revient de droit dans L Histoire.
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