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Critique de chocobogirl


Marie-Yvonne, jeune fille des années 50, grandit dans un petit village du Finistère, entouré de sa famille. Sa mère devient peu à peu sourde, sa grand-mère Mélie s'occupe de Jeanne, sa grande soeur souffrant d'un mal inconnu et son père, menuisier, se mure dans le silence.
Issue d'une grossesse tardive non souhaitée, Marie-Yvonne baigne depuis toujours dans une atmosphère de deuil et de mort. Elle porte les prénoms d'ancêtres mortes.

«Par tradition, il me donna le prénom composé de sa soeur asthmatique, morte en crise beaucoup trop tôt en laissant trois jeunes orphelines. C'était aussi le prénom de sa tante, la soeur de Tad, qui n'avait vécu que quelques années. «Marie-Yvonne», avait écrit l'employée. Enfin, puisqu'il fallait un second prénom, celui de la fille de ma marraine, Nicole, fit l'affaire. Asphyxiée par une fuite de gaz, elle s'était éteinte à six ans.»

La maison jouxte le cimetière et elle n'hésite pas à s'y promener, attirée malgré elle par la mort ; les décès rythment la vie du village et les portraits des défunts fleurissent les murs.

«Je retrouvais le cadre immense, le visage grandeur nature, le garçonnet de papier. le rayon de son regard me fixait alors. J'étais debout sur une chaise, au même niveau que lui mais à bonne distance. Il m'envoûtait, je cherchais son mystère et restais sans réponse devant le pâle sourire, les yeux clairs habités d'une douce mélancolie. Sa trop grande gravité, qui ne correspondait pas à l'enfant espiègle qu'il avait été, me laissait penser qu'il pressentait son destin.»

Alors que Jeanne est sujette à des accès de cris et de rage, sa soeur est au contraire enfermée dans le silence et le mutisme du menuisier qui ne lui accorde que peu de mots.
Ses relations familiales sont constitués de non-dits et Marie-Yvonne doit rassembler année après année les indices, les bribes de conversation qui lui permettront de mettre à jour un secret sous-jacent qu'elle ressent malgré elle.

Ce beau roman, empreint tout du long d'une forte mélancolie, est loin d'être léger.
L'auteur nous offre surement une part autobiographique de son histoire. L'ambiance de village breton, baignant dans les traditions ,ainsi que la rudesse de la vie d'une famille modeste est parfaitement rendue.
On suit une jeune fille dans sa quête personnelle, une quête d'amour aussi qui n'est jamais nommé.

"J'étais la fille du Menuisier, je le savais. Jeanne, malgré sa folie, était plus normale que moi, côté filiation. Elle le nommait. Pas moi. Nous n'avions pas de mots l'un pour l'autre. Notre lien était un long fil continu que personne ne pouvait voir. Aucun mot ne s'y accrochait comme le font les notes sur une portée. Nous-mêmes en étions ignorants, seulement soupçonneux de sa présence tenace."

Son envie de percer le silence qui règne entre son père et elle même est emblématique des difficultés de communication entre un père et sa fille. le père n'est jamais nommé que "le menuisier", le toucher est proscrit entre eux et cette mise à distance révèle bien leur peur à aller l'un vers l'autre.
L'écriture est superbe, très poétique et plonge le lecteur, par petites touches,dans le moi intime de cette jeune fille.

Malgré un thème très touchant, je dois pourtant dire que je n'ai pas été emportée par cette lecture.
Le texte est très bien écrit, l'atmosphère est envoutante pourtant je m'en suis vite lassée... le récit n'avance pas (et pourtant je suis adepte de la littérature et du cinéma asiatique où il ne se passe rien ;) )
et j'ai été assez déçue par la révélation du secret de famille : tout ça pour ça...
Peut-être que le saucissonage de ma lecture y a été pour quelque chose mais je ne me retrouve pas dans le concert d'éloges lu ici et ailleurs sur ce roman... Bref une rencontre râtée...
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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