Première contrainte, le pouvoir d'action des maires est juridiquement limité en matière de police.
On peut avancer l'idée que la figure de l'élu de proximité vient combler un déficit de lisibilité dans la structure décisionnelle du champ de la sécurité et un sentiment d'éloignement du citoyen par rapport aux pouvoirs publics.
Le maire se trouve de la sorte dans une position ambiguë où il possède, depuis la loi de 1884, des responsabilités importantes en matière de police mais il ne peut disposer d'agents de police municipale qu'aux prérogatives très limitées.
La police d'Etat s'est substituée aux polices municipales depuis l'étatisation de 1941 et ce principe de répartition des compétences demeure, jusqu'à aujourd'hui intangible.
Les maires le savent, la détérioration de la sécurité dans leur commune ou tout du moins la perception qu'en ont leurs électeurs contribue à la mise en cause de leur légitimité politique.
Les doléances exprimées dans les courriers reçus à la mairie et les contacts interpersonnels que le maire entretient avec la population constituent le second mode de captation d'une demande sociale de sécurité croissante
Tout se passe comme si la fonction sécurité, au niveau local, se disséminait par capillarité entre une pluralité d'acteurs qui viennent concurrencer l'Etat dans une de ses fonctions apparemment les plus régaliennes et modifier les modes de production de l'action publique en ce domaine.
L'agglomération constitue aujourd'hui une échelle d'action publique de plus en plus valorisée par l'Etat et par les élus locaux