Irlande, Nuit Celtique

Mon oncle lui a dit une fois, toi, tu fais de la dépression. J'ai déjà entendu le mot à la télé quand ils expliquent pourquoi il fait mauvais temps. Un truc de tempête ou quelque chose comme ça. La tête de ma mère doit être pleine de nuages noirs, tu vois. C'est pour ça que de la pluie tombe souvent de ses yeux.

Je me suis engagé dans l'allée à la suite du prêtre. Marchant comme un automate dans le bruissement des feuilles. De fines perles d'eau soufflées par les bourrasques tourbillonnaient autour de moi. J'en étais sûr, les arbres pleuraient pour moi. Je les ai remerciés à voix basse de leur compassion et cela m'a donné de la force. Ces géants de bois et de ramures étaient avec moi. Ils comprenaient ma peine.

Le malheur de l'Irlande a été de mise sur l'investissement étranger. Les sociétés américaines n'ont aucun loyauté envers le pays.

On réplique à l'infini des modèles. D'usines, d'émissions de télé, de pensées. En tirant tout vers le bas.

- T'as raison, Tony Bigoudis, ça fait touffe, avait dit la Fauche.
On va t'appeler Bigoudoche ! Ca fait plus viril.

Quinze ans de travail chez Compuflex et on se contentait de lui envoyer cet avis de déchet. Parce qu'il fallait bien n'être qu'un simple rebut pour être traité de cette manière.

Ce projectile de mots bruts le descendit en plein vol.

Morris prenait parfois sa voiture pour faire le tour des vestiges, peau du tigre en lambeaux éparpillés.