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Critique de chocobogirl


« Je ne sais pas si vous connaissez Mariposa. Dans le cas contraire, cela n'a aucune importance car, si le Canada vous est familier, vous connaissez probablement une bonne douzaine de villes comme celle-là. »

Et de fait, Mariposa est une petite ville canadienne imaginaire mais qui s'inspire en grande partie de la ville d'Orillia. C'est Stephen Leacock qui nous en offre le portrait. Surnommé le « Mark Twain canadien », l'auteur s'amuse à croquer la vie quotidienne d'une petite ville provinciale tout en épinglant les travers de cette petite société.

Nous sommes début 20ème siècle. Mariposa est située en bordure de lac où navigue le Mariposa belle. la vie semble douce et tranquille, du moins en apparence. le lecteur va découvrir au fil des chapitres les habitants de cette bourgade qui cachent finalement en leur coeur une belle dose d'hypocrisie, de bêtise et de provincialisme marqué.
Mr Smith et son bar/hôtel où l'on sert de l'alcool à tout heure malgré la prohibition, Jefferson Thorpe, le barbier spéculateur qui se fait arnaquer par 2 vulgaires voyous, le révérend Drone endetté par la construction de sa nouvelle église à cause d'un professeur qui n'a pas su lui apprendre les mathématiques ; Golgotha Gingham le croque-mort qui sympathise avec tout le monde pour mieux s'assurer leurs commandes de fin de vie ; Pupkin le simple employé de banque, amoureux de la fille du juge, qui manque de se suicider à plusieurs reprises pour des causes idiotes ; le juge qui félicite et innocente un délinquant (son fils en l'occurrence) d'avoir maltraité un opposant politique…etc. La galerie de personnages fait sourire et les situations plus cocasses les unes que les autres se prêtent d'autant plus à une belle satire.
On suivra le combat de l'hôtelier pour garder son établissement en ouvrant un café où ce dernier offre à petits prix de succulents repas où toute la ville se précipite pour de fausses raisons. On suivra la mobilisation générale de la ville pour sauver le révérend Drone de ses dettes, une mobilisation qui bien heureusement ne présentera que des pertes dérisoires et se terminera en incendie involontaire. On assistera au naufrage du Mariposa belle dans un lac d'1m80 de fond. On participera à une rocambolesque campagne électorale aux électeurs versatiles.
Vous l'aurez compris, la ville offre son lot d'histoires où préjugés et stéréotypes ont plutôt bonne presse.

C'est à la fois avec beaucoup d'ironie et d'empathie que Stephen Leacock nous raconte sa ville. On rit de ses personnages, de leurs travers brocardés ici avec un ton pince sans rire qui ne laisse bien évidement aucun doute quant à l'opinion moqueuse du narrateur. Et en même temps, on s'attache à cette brochette de petits bourgeois à la fois burlesques et très humains. Ils se présentent d'une certaine façon comme notre propre reflet avec toute une palette d'émotions que nous connaissons : opportunisme, doute amoureux, envie, mesquinerie, incompétence…
Le dernier chapitre s'ouvre d'ailleurs sur un tout autre ton, évoquant avec douceur la nostalgie de ce qui ne sera plus.

Alors que Stephen Leacock est une référence humoristique dans son pays, il reste peu connu en France alors même que d'autres ouvrages sont déjà parus (chez Rivages et le Dilettante). Il a influencé les Monty Python, Robert Benchley, Woody Allen.
Chef d'oeuvre de l'auteur datant de 1912, Bienvenue à Mariposa n'a pas pris une ride et malgré son charme quelque peu désuet, on s'amuse encore avec joie à la lecture de ce roman plus que savoureux, devenu un classique dans les contrées canadiennes.
Cette première traduction française est à ne pas rater, d'autant plus qu'elle est présentée dans une belle édition luxueuse : derrière une belle couverture cartonnée, se cachent à l'intérieur les illustrations très réussies du dessinateur Seth (Le commis voyageur, George Sprott, La vie est belle malgré tout) qui accentuent l'atmosphère chaleureuse et surannée de ce petit coin perdu qui se pense être au centre de l'univers.
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
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