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Critique de gruz


Créer, ne pas se répéter, oser. Nicolas Lebel inscrit ses envies dans ses Peines perdues. Elles sont le sel qui donne du goût, le piment qui relève les histoires. Rien que pour cette prise de risque, il mérite toute ma considération.

Ce roman s'éloigne sensiblement de ses précédents écrits, par le ton et le fond. Il a mis son humour singulier entre parenthèses pour plonger dans un récit noir qui prend place dans le milieu carcéral.

C'est une tragédie, dans la forme comme dans son contenu. L'écrivain développe son intrigue en 5 actes, en s'amusant avec la veine des tragédies classiques, jouée dans un contexte contemporain.

Le jeu, certes terrible, reste bien présent. Jouer avec la langue, noyer des alexandrins dans le texte (c'est loin d'être sa première fois) et les confronter avec le parlé d'aujourd'hui. En soignant tout particulièrement son écriture, exigence toujours. Rien que pour la plume, cette lecture vaut le détour.

Elle est heureusement là au service de l'intrigue et pour donner des couleurs aux personnages. Tous des taulards, autant dire pas des enfants de coeur, pour la plupart.

Théo Pereira est enfermé pour homicide involontaire, un accident sous l'emprise de l'alcool. Un homme qui sait magner les mots, allant même jusqu'à donner des cours de lecture aux quelques prisonniers consentants. Pas vraiment le profil du gars qui arrive à s'imposer face à la brutalité de l'entre quatre murs.

Le récit est dur, les relations interpersonnelles basées sur la violence, et il y est également question de vengeance. le tout à travers une peinture sans concession de la prison actuelle, brutale, surchargée et y compris gangrenée par l'extrémisme.

Avec, je tiens à insister, un Lebel qui ose. Qui se permet de ne pas reproduire des schémas trop habituels, et surtout de ne ménager personne, ni personnage ni lecteur. Quitte à couper la respiration par des retournements de situation que certains n'oseraient même pas imaginer.

Le livre est relativement court, 250 pages, de quoi s'y laisser enfermer. de quoi s'y laisser malmener. La forme assez classique, le thème traité maintes fois, s'en voient mis en valeur par le soin apporté à la prose (et les rimes), et cette application à développer de vraies interactions (pour mieux les broyer ensuite).

Peines perdues est sans aucun doute le roman le plus noir de Nicolas Lebel. Avec cette ambition dans l'écriture autant que dans l'histoire qui rendent cette lecture poignante ; théâtre de toutes les tragédies humaines.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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