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Citations sur Fantaisies guérillères (27)

ATTAQUE
Mue par cet objectif et délaissant tout négoce, je commençai à chevaucher seule. Je me mis debout sur la selle face aux mille yeux d’Orléans. Je levai une nouvelle fois mon épée, le plus haut possible. Quelque chose déchira alors le voile des Réalités. Et ce que je voyais en secret se fit voir à tous. Autour de moi, onze jeunes filles en robe blanche et au teint de fantomines se tenaient elles aussi droites sur leurs montures. A leurs côtés, des dizaines de chevaliers en armes, blessures ouvertes surgissant, prêts à charger. Pendant quelques secondes, un silence stupéfait envahit l’espace et le temps.
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J'exagère peut-être un peu, mais ce qu'il te faut d'ores entraver, c'est que nous autres, princesses, reines et saintes catins, le sens de l'aventure et le goût des contrées inconnues ne sont pas exactement ce qui nous définit le mieux. Tu as vu que j'étais tout de même plus avisée que la plupart. Ce n'est pas bien difficile : depuis toutes petites, on nous a expliqué qu'il fallait prier, se marier, pondre nombre children, sourire à s'en sécher les dents, éventuellement crever dans d'atroces douleurs gynécobstrétiques afin que nostre husband puisse se remarier avec sa nièce de douze ans. De tous temps, avons dû livrer bastailles, surmonter rumeurs absurdes et grandes humiliations pour acquérir une certaine indépendance et liberté de cervelle.
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Les gens sont ainsi. Ils veulent l'espérance, et, quand ils pensent l'avoir trouvée, ils ne la lâchent plus. Même lorsque les évènements les contredisent, ils refusent de renoncer à leurs croyances et préfèrent tordre leurs certitudes pour les faire rentrer coûte que coûte dans le moule malfaçonné de la réalité.

[p30]
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Ah oui, précision importante : afin de dissimuler mes activités herbageuses et d’éviter ainsi que les gens d’armes et autres prêtres dépressifs ne viennent vermiller dans mes malles, j’avais fait croire à tout le monde que j’étais devineresse. Mais attention, pas comme ces sorcières qui se mettent nues dans la forêt pour dallasser autour d’un feu de bois les soirs de solstice, non, une bonnaventureuse bien chrétienne qui, de temps à autre, a une révélation importante issue de Jésus-en-Christ ou de sa Mère ou de son Père ou des saints : y a trois mille saints, c’est simple, il suffit de donner un prénom au hasard pour décrocher la queue du miqué au tourniquet de la nutjoberie.
Bon c’était bullshiterie, mais dans la mesure où tout était misère et nulle splendeur, je m’étais dit que je pouvais peut-être gagner quelques deniers en conseillant les cocues et, par ricochet, acquérir un statut spécial au sein de la basse-cour, encore un peu plus au-dessus du lot des simplets.
Il arrivait donc qu’on vienne me voir certains soirs avec troubles incertitudes sur son devenir, ou sur la fidélité de son husband, ou sur la cuisson de la dinde de Noël, et je répondais toujours par des phrases vagues et adaptables à n’importe quelle situation. Les ménagères étaient ravies et je gagnais de quoi me payer des robes sans avoir à ouvrir une ligne de crédit auprès de Loulou. Mais depuis que nous étions devenus pré-beaux-parents du Dauphin, tout en continuant bien entendu de nous faire laminer par les Englishes et évincer par les Bourguignons, çuici avait décidé de me mettre au service du royaume et considérait que tous mes supposés talents divinatoires permettraient d’en savoir plus sur le couronnement du prince.
Je gérais tant bien que mal cette pournillade qu’il s’était ardemment implantée en cervelle, mais le harcèlement devenait chaque fois plus précis et j’allais bientôt me retrouver à court de phrases toutes faites. Et mon Loulou, il est crétinant mais pas à ce point-là : si je continuais comme ça et que rien n’arrivait, il me conduirait au bûcher sans ciller. Il est comme ça, mon husband, il aime brûler les gens. Et les sorcières en particulier. Comme il a une certaine autorité sur les égrotants de l’axone, il suffirait qu’il jure m’avoir vu me diaboliser pour que la Cour tout entière parte couper de la boisellerie et ravive les braises sans poser plus de questions.
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j'entrai dans la montagne-cathédrale en me disant
what the fucking hell, Yolande : que ce que tu vois
soit la réalité ou pas, t'es foutue de toute façon, alors autant aller jusqu'au bout de ton delirium tremens.
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Je fantasme sa belle face, tourderôle sien corps
Puis je le croquine vivant en mienne chaume d'or
Je pourrais tant arder
Si je savais tout dire
Mais comment peut-il lire
Tréfonds de mienne pensée

De quoi usent les grouillotes qui obtiennent grand succès ?
Dites-moi mien péchés et mien rêves en excès
Moi j'offre un pur esprit, mien coeur et tous cadrans
Mais faisant quincanelle, on m'en demande autant

Si pouvions bien aimer
Si fol amour comptait
Si pouvions changer royaume, en belle joie d'octroyer
Si pouvions bien aimer
Si fol amour comptait
Morphée en maître ici régnerait, pour l'esternité

Mais sanglante en tous songes et pétale à l'herbier
Ci-quand le mal des tiers revient me dévorer
Telle vie n'est point estanche, mienne île est en plein vent
Du portillon fermé entends moults hurlements

Les children en domaine et les fleurs à la ronde
Mienne douce existence où bat le coeur du monde
Quand tepeste s'annonce, promesse de douleurs
Quelle espée prévaut au duché de nos peurs ?

Si pouvions bien aimer
Si fol amour comptait
Si pouvions changer royaume, en belle joie d'octroyer
Si pouvions bien aimer
Si fol amour comptait
Morphée en maître ici régnerait, pour l'esternité


Si pouvions bien aimer
Si fol amour comptait
Si pouvions changer royaume, et si tout renaissait
Si pouvions bien aimer
Si fol amour comptait
Serions nous-mêmes Morphée

Si fol amour comptait

(NB : poème intitulé "Si fol amour comptait", offert par Jehanne à Yolande, extrait de l'oeuvre de la grande troubarde Marie-Claudette de Charlemagne, écrit en collaboration avec Monsieur Jacques-Jean d'Haurtplain)
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Puis je me souviens que les hommes se trouvent dotés d'un appendice mol, qui durcit plus ou moins à la vue d'un pimpant ou d'une pimpante, et le dit appendice, devenant plus maniable par gorgement de sang, perce le dessous par toute entrée adaptée à sa contenterie. Et la règle veut que femme percée du dessous ne peut point être dépercée.
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Les hommes ne savaient plus que faire pour s’occuper, brossant les chevaux tout le jour et buvant et ripaillant comme six chacun. Bien sûr, ils tourderôlaient dans mon lit : ça nous faisait passer le temps. Mais, comme tous les chevaliers de cet ordre, ils préféraient néanmoins s’embraser les uns les autres ce qui m’aurait causé guère de tracas si ça n’avait été aussi bruyant. Car, par suite de grande satisfaction et dès après avoir offert mon surplus, j’aime à estre tranquille et silencieuse.
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110. Tu sais bien que Haine et Amour ne sont point contraires : l'amour n'a pour antagone que l'indifférence, et rien d'autre.
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C'est le Seigneur Lui-Même qui vous a murmuré les mots que vous deviez balbouiner. Vous avez la comprenette étroite et Il use de vous comme parchemin pour que je puisse agir. C'est un honneur et j'en reste coi. Sachez qu'Il a raison. Nous devons trouver une prophétesse pour la France.
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