Jacques Demers en toutes lettres

La foule en délire s'étendait sur quatre kilomètres entre la rue Atwater et le parc Lafontaine. C'était à perte de vue. On estimait à plusieurs centaines de milliers le nombre d'amateurs qui s'étaient déplacés en ce vendredi 11 juin 1993, pour assister au défilé des champions sur la rue Sherbrooke à Montréal. Certains avançaient même le chiffre de 500 000 personnes. Une véritable marée humaine.
Les gens étaient entassés le long de la rue, mais il y en avait aussi qui étaient juchés sur les balcons, les toits d'édifice et même sur les autos et les lampadaires. Personne ne voulait rater l'événement qui célébrait la 24e conquête de la coupe Stanley du Canadien.

Après la cérémonie et juste avant de procéder à la première mise au jeu du match, les équipes, tradition oblige, se levèrent pour écouter les hymnes nationaux. À ce moment, à quelques minutes de diriger son premier match dans la prestigieuse LNH, Jacques ressentit une grande bouffée d'émotions.
«J'ai eu une pensée pour ma mère, Mignonne, et ma grand-mère. J'aurais tellement aimé qu'elles puissent vivre ça à mes côtés de leur vivant. Et puis aussi, curieusement, j'ai pensé à mon père. C'est lui qui m'avait dit que je ne serais jamais bon à rien. J'étais fier de lui montrer que, malgré tous les sévices et toutes les menaces, j'étais devenu un meneur d'hommes dans la LNH ».

L'analphabétisme est plutôt très répandu au Québec. Certaines études estiment qu'entre 800 000 et un million de personnes de 16 ans et plus, hommes et femmes, en sont atteintes. Il s'agit d'un adulte sur cinq. On soutient qu'il existe plusieurs degrés de gravité de l'analphabétisme. Dans le cas de Jacques Demers, on parle d'un degré moyen correspondant à un analphabétisme fonctionnel.
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Les personnes analphabètes sont de tous âges et de toutes conditions sociales. Par fierté, elles dissimuleront leur difficulté à lire, à écrire et à compter, mais compenseront souvent par un sens de l'observation et de la débrouillardise ainsi que par une mémoire remarquable. Dans notre société, elles sont démunies et marginalisées.
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Un peu plus de 2% des personnes analphabètes entreprennent une démarche d'alphabétisation tandis que 98% restent dans l'obscurité... Moins de 10% des Canadiens qui pourraient profiter des programmes de perfectionnement dans le domaine de l'alphabétisation s'y inscrivent.