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Critique de Takalirsa


C'est le troisième livre que je lis de Titiou Lecoq (non je ne les ai pas lus dans l'ordre de parution) et je peux dire que j'adore son style ! Son franc-parler est à la fois expressif, incisif et plein d'humour. Son propos sur l'inégalité des tâches ménagères et celles liées aux enfants sonne si juste que je n'arrêtais pas de m'exclamer (dans ma tête) : « C'est tellement ça ! ». Même de bonne volonté, les hommes n'imaginent pas la charge mentale qui pèse sur les femmes, encore plus quand on devient mère. Et quand l'autrice affirme que la maternité n'est pas un sacerdoce, qu'il ne faut pas abandonner « sa singularité, ses désirs et ses besoins », elle me conforte dans mon point de vue !

Mais ce qui est intéressant surtout, c'est de comprendre l'origine (psychologique, sociale, historique) de tout ça. On apprend beaucoup de choses avec les essais de Titiou Lecoq ! Par exemple que l'enseignement ménager a été mis en place en 1907 à l'initiative d'Alexandre Millerand, futur président de la République, afin de prévenir les épidémies. Que l'option facultative a été maintenue au bac jusqu'en… 1984 ! Cependant n'aurait-il pas mieux fallu ouvrir cet enseignement aux garçons pour lutter contre les inégalités domestiques ?

J'ai été bluffée par certaines analyses, comme celle sur le sac à main (« Il est une aide et une protection contre le monde qu'on perçoit comme potentiellement agressif ») et sur la répartition/l'appropriation de l'espace public (notamment les transports en commun et la cour de récré) dans lequel les filles/femmes « apprennent à se tenir en retrait » dès le plus jeune âge car les garçons/hommes s'y imposent : « Ce n'est pas normal de se sentir en danger dans la rue, quelle que soit l'heure. » Tenir une femme pour responsable de son agression, « cela revient à dire aux hommes que c'est normal d'agresser une femme la nuit, et que l'anormalité, c'est la présence féminine dehors à des heures indues ». L'espace extérieur est aussi genré que la maison…

Dès lors, comment changer les mentalités ? Comme le disait déjà la journaliste Françoise Parturier dans sa « Lettre ouverte aux femmes », il nous faut de l'audace ! Il faut oser (refuser de ramasser la chaussette, envoyer balader les gros lourds), arrêter d'avoir peur (de ne pas pouvoir, d'être empêchée, d'échouer, d'être ridicule, du qu'en-dira-t-on), arrêter de culpabiliser, cesser d'être « prisonnière de vous-même ». Et elle nous donne cette force, Titiou Lecoq ! D'affronter le monde, d'affirmer ses choix. Son engouement est communicatif, et même galvanisant !

Il est également primordial que les hommes participent au mouvement : « Il faut que chaque homme décide d'en faire plus chez lui. Que chaque femme lui laisse la place ». Combattre l'éducation genrée, cela marche dans les deux sens. Si mettre un t-shirt bleu à une petite fille « passe pour un acte politique qui vise à la libérer d'un déterminisme négatif », « un garçon qui s'aventure dans la « pink zone » est perçu comme déviant… Les pères ont donc « un rôle de modèle essentiel » : sujet d'identification, ils doivent montrer l'exemple. le plus grand challenge pour eux est sûrement de parler d'émotions à leur fils… Mais l'égalité, c'est aussi valoriser ceux qui pratiquent un métier considéré comme féminin (travailler auprès des enfants).

Alors, stop à la dichotomie homme/femme ! Commençons déjà par être soi, « c'est si difficile »…
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