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Critique de Yaena


Yaena
24 septembre 2018
Je referme la dernière page du roman « Simple d'esprit, le fada de Bousieyas » et l'histoire me poursuit. Les images qu'a fait naître la plume de Jean-Claude Lefebvre tournent dans ma tête. Elle est obsédante la plume de Jean-Claude Lefebvre. Je ne le connaissais pas mais je suis contente de cette découverte. J'aime la façon dont il décrit cette nature sauvage qui caractérise la montagne. On a l'impression tantôt de respirer cet air glacé qui vous coupe le souffle, tantôt de sentir l'odeur de l'herbe fraîche tout en profitant des rayons du soleil. On part en balade, on respire le grand air, on entend l'eau ruisseler au milieu des rochers, on sent le vent qui nous fouette le visage. Il réussit à faire de ces montagnes un personnage à part entière de son roman. En peu de pages (150) il nous immerge dans ce petit village perdu au milieu des montagnes : coupé de tout l'hiver et relié au reste du monde grâce aux muletiers l »été.

Cet univers il nous le fait découvrir à travers les yeux de Jean-Noël alias lou fada, un gamin pas tout à fait comme les autres qui deviendra un homme pas tout à fait comme les autres. A sa naissance les choses se sont mal passées et s'il a survécu il en a gardé quelques séquelles, d ‘abord physiques ; son visage est marqué, mais surtout mentales ; il n'est pas comme les autres il ne voit pas le monde de la même façon. Catalogué simple d'esprit les autres l'appellent lou fada et disent de lui qu'il est « toujours couten ». La vérité c'est que Jean-Noël suit les conseils de sa mère : sourire pour que les autres le laissent en paix. Donner l'impression qu'il est toujours content pour ne pas qu'ils s'acharnent à le faire souffrir.

J'ai été très touchée par l »histoire de Jean-Noël. On veut bien tolérer (pas accepter il ne faut pas exagérer) les gens différents mais à condition qu'ils soient conformes à ce qu'on attend d'eux. Les simples d'esprit sont heureux c'est bien connu. Alors il faut qu'ils sourient quoi qu'il arrive. C'est ce que va faire Jean-Noël mais pas seulement il va se battre pour avoir de vraies raisons d'être toujours content. Mais la vie ne lui fera pas de cadeaux. Son envie de vivre, d'être heureux est touchante. Mais ce qui m'a le plus frappé c'est cette solitude à laquelle sa différence le condamne. Même s'il est entouré de gens qui l'aiment sa différence ne lui permet pas de s'identifier aux autres, ni les comprendre et inversement. On sent page après page cet attachement aux autres et en même temps cet isolement que rien ne semble pouvoir briser. Sauf peut être Néant, un âne lui aussi un peu différent. Cette différence va le rapprocher de Jean-Noël qui va faire de cet âne son confident.

J'ai regretté que certains personnages ne soient pas plus denses, plus consistants. Certains sont pour moi restés à l'état d'ébauche et c'est dommage. Toutefois j'ai beaucoup aimé Georges : un homme un peu rustre, taiseux, mais avec un coeur d'or. J'aime beaucoup ces personnes avec qui on peut partager de longs silences sans ressentir aucune gène. C'est comme ça que j'ai perçu Georges.

Au delà du thème principal ce roman c'est aussi celui d'un quotidien simple, parfois rude mais heureux. Une vie d'un autre temps tuée peu à peu par les avancées technologiques. C'est la disparition d'un mode de vie.

Ce roman bien qu'empreint de mélancolie ne sombre ni dans la mièvrerie ni dans le pathos. L'écriture est poétique et je suis vraiment très tentée de découvrir les autres romans de cet auteur.

Merci beaucoup à Babelio qui grâce à sa masse critique m'a permis une fois encore de faire une belle découverte. Merci également aux éditions La trace pour cet envoi.
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