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Critique de christianeabbadie


Un oubli sans nom de Serge Legrand Vall, publié aux éditions in8
On écoute beaucoup la bande son des années 70 dans ce roman : paroles et musiques rebelles, voix off prégnantes, collectives où l'intime partagé dans la sensualité trouve sa place... Sans nostalgie aucune, ces réminiscences joyeuses sont de nature à séduire des générations de lecteurs le plus souvent interpellés autour de cette époque, davantage par le cinéma et les arts visuels que par l'écriture...
Mais justement l'écriture de Serge Legrand-Vall et de son héroïne, résiste, et de belle manière... robinsonne.
Au commencement, un naufrage : l'amnésie, qui occulte une naissance et les cinq premières années d'une vie, un nom, un paysage, frappés d'interdit à la suite d'une adoption.
Elle est une île oubliée, sans nom, une page blanche, une identité à écrire, à conquérir envers et contre tous. Un thriller, où des indices affleurent, une lettre redoublée : LL , un mot : Céret, un nom insulaire : Las ILLAS, ce village où elle avait été placée dans son enfance, pour que remonte enfin à la lumière, LLuch le nom de sa famille.
L'aventure commencée en stop sur la route à la manière de Kerouac la conduit vers un col frontalier en terre espagnole, un lieu de passage multi-séculaire qui devient prétexte à inverser et remonter le temps. Suzanne explore in situ l'atlas historique qui avait bercé sa mémoire adolescente et devient dès lors l'archéologue de sa propre vie .
La qualité et l'étrangeté de ce roman au rythme haletant, tient à l'étonnant contraste entre une écriture maîtrisée visuelle, naturelle, fluide parfois distanciée et une quête existentielle, intime, longue et douloureuse, à l'issue incertaine, celle des aléas de la vie même. Une vérité qui se conjugue avec la liberté.
“Un roman « mémoire » fascinant à plus d'un titre... qui révèle tout à la
fois l'intime et le social - presque oublié des années 70 - dans les décors
de rêve et cependant familiers des cols frontaliers catalans et de l'île de
Formentera, hantés par les séquelles tragiques le plus souvent
dissimulées de l'histoire franquiste.”
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