Citations sur Memento Mori (21)
À l’époque, c’était lui le fort, ou plutôt, il faisait partie de la bande de ceux qui écrasaient les faibles. Ils étaient passés maîtres en torture psychologique et se repaissaient de la toute-puissance qu’elle leur procurait. Après, les choses avaient dégénéré.
Son passé le tourmente et il donnerait tout pour briser cette spirale infernale qui le déstabilise chaque jour un peu plus. À mesure qu’il vieillit, il s’est mis à regretter ses actes et à vouloir se racheter.
Même si leurs rêves d’avenir étaient diamétralement opposés, elles partageaient le même enthousiasme pour le septième art. Alors que Marina rêvait de partir en Afrique sur les traces de Jean Rouch – son cinéaste référent avec Frederick Wiseman, un autre documentariste engagé –, Anne, elle, aspirait à travailler sur les plateaux de cinéma, avec des metteurs en scène, comme assistante ou comme scripte. Elle était plus sage, plus classique dans ses goûts, l’aventure l’effrayait. Depuis, leurs chemins ont divergé.
Cette piste du harcèlement est une hypothèse fantaisiste et hautement improbable, vu les conclusions du rapport que vous avez co-signé avec l’inspecteur William Garrell ici présent. Vous avez outrepassé vos fonctions en poursuivant et en harcelant des gamins et leurs familles, il s’agit d’une faute professionnelle grave.
Peu à peu, la jeune flic réussit à dessiner à grands traits le portrait de la jeune suicidée. Un peu trop grande, sans doute un peu trop ronde pour les critères de beauté des magazines. Avec un physique presque androgyne, Joan dénotait parmi les autres gamines qui passent leur temps à surveiller leur ligne, à se maquiller, à échanger leurs fringues quand elles ne draguent pas les garçons.
Un chagrin d’amour ? Un problème familial, scolaire ? Difficile à dire, l’adolescence est une parenthèse qui recèle tant de secrets difficiles à déchiffrer…
Elle s’exprime avec la lenteur de ceux à qui l’on administre des neuroleptiques à haute dose, mais qui tentent de rester compréhensibles. Malgré ses efforts, sa voix déraille. Elle en a conscience et se reprend sans cesse : — Je suis professeur de collège et je viens de perdre ma fille… personne ne peut comprendre. Je n’ai pas su la protéger, comment est-ce possible ?
Étrange, comme la vie d’un être humain qui dérape brusquement se résume à peu de chose, songe Lavelli en se préparant une infusion de verveine. Pourquoi Marina s’intéressait-elle à l’histoire de Joan Verdier ? Le fil rouge qui relie les suicides des autres ados est de toute évidence le harcèlement via Internet et les réseaux sociaux.
Plus tard, ils font l’amour comme à leurs débuts. Sans pruderie et avec enthousiasme. Elle se sent bien, enchaîne les orgasmes et à la fin, se pelotonne dans les bras d’Éric. Sans aucune arrière-pensée pour Alex… Pourtant, Anne ne parvient pas à trouver le sommeil.
Lavelli soupire, le cyber-harcèlement est un fléau qui ronge le système scolaire. La victime, véritable un bouc émissaire, n’est pas en situation de se défendre car l’agresseur reste anonyme ou caché derrière avatars et pseudos.
Si le professeur d’arts plastique est moins séduisant que sur la photo, il doit tout de même affoler les cœurs des lycéennes avec son regard de velours et ses longues mains en mouvement.