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Critique de thedoc


thedoc
26 septembre 2018
J'ajoute modestement ma touche à l'édifice déjà très haut de critiques élogieuses de ce roman... magistral, tout simplement.

On se demande parfois pourquoi on a attendu si longtemps avant de lire un livre que l'on savait déjà nous plaire. Mais ce mot est faible en fin de compte. « Au-revoir là-haut » est de ces livres qui ont tout : le style, le cadre, l'époque, l'intrigue et surtout, les personnages.
Novembre 1918. A la veille de l'armistice, les destinées de deux hommes se retrouvent liées à jamais sous les obus qui pleuvent. Sous les ordres de l'arrogant et ambitieux lieutenant Henri d'Aulnay-Pradelle, décidé à marquer d'un dernier coup d'éclat sa carrière militaire pour redorer son blason familial déchu, Albert Maillard, le discret et modeste petit comptable, et le jeune Edouard Péricourt, artiste et fils d'un riche affairiste, partent à l'assaut de la cote 113. Là, sur le champ de bataille, rien ne se déroule comme prévu pour le lieutenant et les deux soldats. Alors que ces deux derniers auraient dû y rester, la vie en décide autrement. Albert et Edouard s'en sortent, physiquement marqué pour Edouard qui devient une des fameuses gueules cassées, mentalement pour Albert le ressuscité que l'angoisse tenaillera à jamais. Alors que rien ne les prédestinaient à se rencontrer car issus de deux mondes totalement différents, les deux hommes vont s'unir dans une amitié indéfectible et dans une arnaque des plus folles.

Quel roman ! C'est un tourbillon qui nous emporte dans cette histoire bien ancrée dans la grande : des tranchées boueuses aux quartiers populaires de Paris où les poilus si vénérés au début de la guerre deviennent les laissés pour compte de la victoire des profiteurs, nous accompagnons Albert et Edouard dans leur lente et difficile résurrection. La relation qui unit ces deux-là est absolument bouleversante. Entre Edouard le burlesque, le fantasque, l'artiste rêveur et provocateur, et Albert, l'angoissé, le terré, le tétanisé, celui qui sue à n'en plus finir et qui se pisse dessus face à ses terreurs, c'est un abîme d'inconnues. Mais certaines situations extraordinaires changent la donne apparemment. Au lendemain de la guerre, Albert devient une mère pour Edouard, allant jusqu'à transgresser les plus grands interdits pour le sauver et le soulager de ses douleurs. Edouard s'est sacrifié pour sauver Albert. Albert fait de même une fois la guerre terminée. Ils forment tous les deux l'une des plus belles amitiés littéraires qu'il m'ait été données de lire.

Autour d'eux se déploie une pléiade de personnages pittoresques, attachants et détestables, du touchant Péricourt Père qui découvre l'amour qu'il porte à son fils une fois mort, au plus infime salop d'Aulnay-Pradelle, sans oublier cette myriade de petits fonctionnaires, image d'un gouvernement qui préfère dépenser des sommes folles pour honorer ses morts alors que les vivants attendent leurs primes ou tout simplement une forme de reconnaissance.
L'arnaque des deux amis, incroyable car totalement immorale et possible, apparaît alors comme une revanche et un pied de nez des véritables héros de guerre sur les généraux de pacotille.

Pierre Lemaître, dans un style dynamique et authentique, a su nous restituer un contexte historique palpable, des personnages plus vrais que nature, avec une intrigue menée de bout en bout sans temps mort. Il offre un très bel hommage à ceux de 14. « Au-revoir là-haut » est un très grand livre, de ceux auxquels on tourne la dernière page avec regret.
Ensuite, on attend… On attend de pouvoir quitter doucement Albert, Edouard, Madeleine et les autres. En bref, on savoure un très grand livre.
Coup de coeur !
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