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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Bloodshot Island qu'il vaut mieux avoir lu avant pour comprendre ce qu'est cette histoire de Deathmate. Il comprend les 4 épisodes de la minisérie, ainsi que Bloodshot Reborn 0, initialement parus en 2016/2017, écrits par Jeff Lemire, dessinés et encrés par Doug Braithwaite, avec une mise en couleurs de Brian Reber. le numéro 0 de Bloodshot est également écrit par Jeff Lemire, mais avec des dessins et un encrage de Renato Guedes, et une mise en couleurs d'Andrew Dalhouse. Ce tome comprend également les couvertures alternatives réalisées par Peter Bagge, David Baron, Ryan Bodenheim, Doug Braithwaite, Michael Garland, Renato Guedes, Cully Hamner, Dave Johnson, Stephen Segovia et Mico Suayan.

Il y a un an, Morris Kozol expliquait aux responsables du Projet Rising Spirit ce qu'il était possible de faire avec les nanites injectées dans le corps de Bloodshot. Il expliquait également comment Kay McHenry (la géomancienne) avait réussi à les expulser du corps de Bloodshot. Ses propositions : injecter le cadavre de Kay McHenry de nanites pour en faire une sorte de zombie contrôlée par Projet Rising Spirit, puis répandre le virus Bloodshot dans Manhattan, afin que le Projet Rising Spirit puisse intervenir et sauver la mise. Bien sûr, tous les présents sont révoltés par l'idée ; bien sûr il y en a un qui souhaite en savoir plus. Un an plus tard, le virus Bloodshot fait des ravages au coeur de Manhattan.

De son côté, Bloodshot (Ray Garrison) est paumé sur un radeau au milieu de l'océan pacifique, avec les 4 autres Bloodshot (Tank Man, Cold Man, Viet Man, Quiet Man) et le chien Bloodhound. Ils aperçoivent un avion dans le ciel, et il s'agit de Ninjak (Colin King) qui est venu les chercher. En plein coeur de Manhattan, Morris Kozol admire son oeuvre, bien protégé dans un étage élevé d'un building. Il demande aux gardes d'emmener Magic (Maggie) et la colonel Jamie Capshaw dans une cellule. Entretemps, 2 membres de l'équipe Unity sont arrivés pour essayer d'endiguer les habitants infestés par le virus Bloodshot : Livewire (Amanda McKee) et Gin-Gr. Ninjak est également arrivé sur place avec les Bloodshot. Mais qui peut arrêter les nanites ?

C'est l'histoire de 6 Bloodshot qui sont dans un radeau et qui papotent. C'est avec cette situation que le lecteur avait laissé Bloodshot à la fin du tome précédent. La dernière page sous-entendait que les nanites allaient se transmettre à un centre dense de population aux États-Unis. Il n'est donc pas très étonné de découvrir que les responsables de Projet Rising Spirit ont mis en oeuvre une forme de virus sur la base des nanites. Ce n'est donc pas une grosse surprise non plus qu'ils les aient lâchées sur New York, dans un plan délirant. Une grosse entreprise qui souhaite acquérir un monopole d'armement avec le gouvernement et qui joue avec la vie de civils, impensable ! Ah non, pas tant que ça ? le lecteur éprouve quand même l'impression que Jeff Lemire s'est fait plaisir avec une histoire fort improbable, en tirant un peu sur la corde, en sollicitant encore un peu plus de suspension consentie d'incrédulité de la part du lecteur. Il est aussi possible de prendre cette histoire avec sa dimension exagérée et de profiter du spectacle et de la baston.

D'ailleurs, les responsables éditoriaux de Valiant n'ont pas hésité à mettre un de leurs dessinateurs les mieux considérés sur le projet : Doug Braithwaite réalise des dessins dans un registre descriptif, avec des traits de contour un peu saccadés. Il représente avec minutie les costumes des différents Bloodshot, quelques rues de New York, quelques pièces du QG du Projet Rising Spirit, quelques endroits de la séquence de semi-conscience. Néanmoins, le lecteur s'aperçoit assez rapidement que les décors deviennent le parent pauvre des cases. Il devient difficile de se projeter dans les rues de New York quand elles disparaissent sous les effets spéciaux orangés des flammes, ou sous la fumée dégagée par l'apparition de Deathmate, ou même lorsqu'elles sont masquées par la foule. L'artiste se met au diapason du récit qui enchaîne les affrontements, en se concentrant dessus, au dépend de l'environnement dans lequel ils se déroulent, et qui devient générique, voire interchangeable avec tout autre endroit.

L'une des caractéristiques des dessins de Braithwaite réside dans ses traits de contour. Ils donnent l'impression de n'être que crayonnés, pas repassés à l'encre, ou alors uniquement les aplats de noir. Cela donne une plus grande impression de spontanéité, presque comme s'ils avaient été croqués sur le vif, et aussi une impression plus rugueuse. Cette dernière particularité convient bien à la nature du récit basé sur des affrontements. Cependant ces traits non encrés donnent également une impression de dessins pas toujours finis, plus esquissés (par exemple pour les visages) que précis. de ces traits de contour non encrés ressort également une impression de fragilité qui tire la narration graphique à l'opposé de la puissance dégagée par les personnages. Brian Reber effectue un bon travail de mise en couleurs, en ajoutant des textures aux surfaces, et en accentuant un peu leur relief. Toutefois les dessins de Doug Braithwaite comprennent plusieurs moments impressionnants : le dessin en double page dans lequel le lecteur découvre pour la première fois la population infectée par les nanites, la première apparition de Gin-Gr massive comme il se doit, 4 Boodshot et Ninjak tassés dans une petite voiture, la fusion entre Bloodshot et Deathmate, la manifestation du pouvoir de Deathmate dans le dernier épisode.

Le lecteur profite donc d'un spectacle en demi-teinte, en fonction des pages concernées. Jeff Lemire déroule son scénario catastrophe, avec entrain, mais aussi un manque de d'implication. le lecteur s'amuse de ce scénario catastrophe et du cynisme de Morris Kozol. Par contre, il ne comprend pas trop comment tout cela fonctionne. Il est vraiment très peu probable que ce plan tiré par les cheveux ait une chance d'aboutir, avec un coût aussi élevé en vie humaine. le scénariste utilise de nombreux clichés, à commencer par celui des superhéros possédés à leur tour par les nanites. Il explique que les nanites sont présentes dans l'atmosphère de toute la zone considérée, mais étrangement tout le monde n'est pas infecté, pour une raison totalement inexpliquée. En outre, il est évident que personnes n'a pensé au risque de dispersion par le vent, ni Kozol, ni Lemire.

Le lecteur se sent donc un peu frustré de cette grande catastrophe spectaculaire, pas très bien pensée, et pas si spectaculaire que ça. Il lui reste à s'investir dans les personnages. Malheureusement dans ce genre de récit orienté action, le scénariste ne dispose pas de beaucoup de temps pour s'intéresser aux personnages. Lemire refait le coup de la séquence onirique, très appuyée, ce qui rend difficile toute identification ou toute empathie par le lecteur. La personnalité de Ray Garrison n'est pas du tout évoquée, de ce fait Bloodshot (le principal) et les autres sont réduits à l'état de combattants interchangeables. Magic est mise à l'écart, sans beaucoup de dialogue. Deathmate relève plus de l'artifice narratif que du personnage. le lecteur ne comprend pas très bien comment les nanites ont pu la faire revenir à la vie, une capacité pour le moins inattendue, encore moins comment elle peut redevenir la géomancienne. Au final, ce chapitre catastrophe ne tient pas ses promesses, ni sur le plan du scénario avec des incohérences patentes, ni sur le plan des dessins, pas toujours en phase avec le niveau de spectaculaire attendu. 2 étoiles.

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- Bloodshot Reborn 0 - Après l'épidémie du virus Boodshot, le temps est venu pour les personnages de faire le point. le colonel Jamie Capshaw explique aux 3 Bloodshot survivants qu'elle va tout faire pour récupérer leur dossier et déterminer leur identité. Ray Garrison explique à Magic les sentiments qu'il éprouve pour elle. Les responsables du Projet Rising Spirit encore en liberté font le bilan de l'épidémie, et essayent de voir ce qu'il leur est encore possible de faire. Deathmate vient échanger quelques mots avec Capshaw.

Le lecteur retrouve une forme de dessins beaucoup plus traditionnelle, avec des traits encrés au trait fin et des décors plus simples, mais présents régulièrement. Jeff Lemire prend le temps d'un épisode pour s'intéresser à ses personnages plutôt que de faire passer l'action avant tout. le lecteur se souvient qu'il s'est un peu investi émotionnellement dans les protagonistes. Il apprécie de voir Ray et Magic prendre le temps de discuter et il approuve leur décision. Il se demande si l'univers partagé Valiant a vraiment besoin de 3 Bloodshot supplémentaires (sans compter Bloodhound). Par contre il soupire d'aise en voyant Deathmate proposer un petit vol dans le ciel à Capshaw, en souhaitant pouvoir avoir été sa place.

Cet épisode 0 remplit bien son rôle de transition et de point d'étape entre Bloodshot USA et le prochain tome intitulé Bloodshot salvation, toujours écrit par Jeff Lemire, dessiné par lewis Larosa et Mico Suayan.
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