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Critique de Nicolas9


J'ai craqué pour cet ouvrage après avoir visionné l'interview de Philippe Lemonnier dans une librairie lilloise. Il y parlait de ses discussions avec un jésuite catalan qui redonné ses lettres de noblesse au Chemin de Saint-Ignace.

Précisons d'abord que la lecture en juin dernier du « Chemin oublié de Compostelle » m'avait séduite. L'écrivain voyageur y narrait avec beaucoup d'originalité son périple à pied depuis la Charente jusqu'au tombeau de l'apôtre Jacques le majeur en Galice en passant par Bilbao, Santander et Oviedo.

La particularité de cet opus était l'apparition dans le fil du récit d'Aimeric Picaud, un moine poitevin ayant écrit en latin le premier « guide » du Chemin de Saint-Jacques au XIIe siècle. Avec beaucoup d'à-propos, Lemonnier imaginait le ressenti du jeune dévot et de ces deux compagnons de route 900 ans plus tôt aux endroits où lui marchait en 2001.

Presque deux décennies plus tard, le narrateur entreprend de parcourir le Camino Ignaciano sur les traces de Saint Ignace de Loyola fondateur de la Compagnie de Jésus (Jésuites) dont est notamment issu le pape François.

Sur 655 km arpentés presque entièrement à pied entre le Pays basque espagnol et la Catalogne, il décrit au jour le jour son vécu de pèlerin :

« Penser que la terre que nous sommes en train de fouler est celle-là même que foula Inigo, cinq siècles plus tôt, a quelque chose d'à la fois irréaliste et surréaliste, faisant naître un sentiment d'émotion que je ne saurais exprimer. »

Effectivement, je confirme. Sur 230 pages ne transparaît presque aucune émotion ! Et c'est là le principal reproche qu'on peut faire à ce témoignage : il est insipide.

Manifestement, Philippe Lemonnier n'est jamais parvenu à se connecter avec le personnage d'Ignace (ou Inigo) comme il avait si bien réussi à le faire avec Aimeric sur le Camino del Norte. Idem avec le décor naturel ignacien qui, en déduit-on, ne mérite pas le détour tant il apparaît monotone...

Malgré un a priori ultra positif, je me suis ennuyé dès le début et j'ai fini le livre au forceps en espérant y trouver une belle discussion sur la foi et les grandes questions auxquelles est confrontée l'humanité. C'est en tous cas ce que promettait l'entrevue mentionnée plus haut et qui semblait logique lorsqu'un auteur athée revendiqué rencontre un jésuite ibérique... J'en ai été pour mes frais. Rien, nada.

Alors, je m'interroge : pourquoi avoir publié un bouquin aussi fade ? Est-ce dû à la « relecture » du père Josep Lluis Iriberri présenté comme l'ami du narrateur ? On a vraiment la sensation que tous les saillants du récit ont été gommés : peu ou pas de critique du parcours pédestre, aucune question existentielle que l'écrivain aurait pu légitimement se poser au crépuscule de sa vie, rien, encéphalogramme plat...

Il y a parfois des silences et des non-dits qui sont plus parlants que de belles phrases. C'est en tous les cas l'impression que j'ai eue en fermant ce compte-rendu impacté par un cruel manque d'inspiration.
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