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Critique de Stockard


Colorado entre 1873 et 1877, série gagnante de hold-ups, indifféremment banques ou convois attelés, avec pour seul point commun que ces attaques visent toutes la même organisation.
Les soupçons se portent vite sur une bande de desperados connue dans la région mais aux dernières nouvelles, ladite bande traînerait sa délinquance à la frontière mexicaine. Et puis tout bien réfléchi, vu la corpulence et la façon d'agir des siphonneux, il se murmurerait que peut-être éventuellement sans vouloir s'avancer il se pourrait fort bien que ce soit des femmes mais chut, pour ceux qui se sont retrouvés les poches vides après le passage de cette banda ultra organisée, plutôt crever que d'avouer s'être fait détrousser par des bonnes femmes, ah non mais au secours, la honte !
Et pourtant...
C'est bien un gang de nanas qui écume la région et reprend son dû spolié de façon à peine plus légale par un entrepreneur assoiffé de vengeance (une vague histoire de refus après une demande en mariage et boum, l'offense qu'on doit laver dans le sang)
Mais à part quelques voisins et les dépouillés qui préfèreraient qu'on leur ouvre le bide, qu'on attache leurs intestins à une branche d'arbre et qu'on leur demande de courir pour les dérouler, personne nulle part n'entend parler de ces dames passées de l'autre côté de la loi. Ce n'est tout simplement pas imaginable.

Alors bon, si c'est plutôt une chance au départ ce silence affecté, au bout de quelques braquages, Margaret « Duchesse » Parker – à la tête de cette petite « famille » – aimerait bien qu'on conte un peu ses aventures comme on n'hésite jamais à le faire dès qu'il s'agit de Sundance Kid et autres frères James. Pas qu'elle cherche un genre de notoriété mais plutôt à montrer que le banditisme, l'immoralité et la vengeance ne sont pas l'apanage unique des hommes, les femmes peuvent elles aussi refuser tout net qu'on leur marche sur les pieds, sortir de leur cuisine les armes à la main et braquer la banque la plus proche.
Et c'est cet appétit de reconnaissance qui va entraîner son gang sinon à sa perte, tout au moins à ce livre historique de Melissa Lenhardt qui sous couvert de real events, nous entraîne dans le Colorado des Pinkerton, des tenancières de bordel accordéonistes, des détrousseurs de dots, des délinquants en col blanc et, avant tout, des femmes qui décident elles-mêmes de leur destinée.

Derrière une écriture maîtrisée et fluide mêlée à une alternance de récits, extraits de journaux intimes, témoignage d'une survivante et entrefilets de canards d'époque, c'est toute la vie des gangsters au grand coeur qu'on est amené à fréquenter.
Alors non, on n'atteint pas l'excellence des grands noms du genre et pour un western féminin, on est largement en deçà de « Johnny Guitar » mais malgré tout, pas question de bouder son plaisir, ça se lit tout seul et puis ils ne sont si pas nombreux (rares ? inexistants, oui) ces westerns littéraires qui placent les femmes en leur centre et pour peu qu'on accepte de se laisser entraîner avec le gang Parker, on passe un agréable moment de lecture, même si malheureusement pas inoubliable.
Bien entendu un grand merci à Babelio et aux éditions du Cherche-Midi pour cette sympathique chevauchée sauvagement féminine.
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