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Critique de Apikrus


Gerhard, le grand-père maternel de l'auteur a combattu le nazisme avec des résistants français, malgré ses origines allemandes. Après la guerre, la formation de la RDA est pour Gerhard un moyen de créer une société nouvelle capable d'empêcher une résurgence du fascisme. Ce héros de guerre transmet une partie de ses convictions et espoirs à sa fille Anna, la mère de l'auteur.
Côté paternel, la relation de l'aïeul de l'auteur avec le nazisme a été moins glorieuse… Wolf, le père de Gerhard ne partage en outre pas la naïveté et les espérances de son épouse Anna. A l'époque de la RDA, les relations au sein de la famille de Maxim étaient donc plutôt compliquées, et l'ambiance y était pesante. Il fallait en outre se préserver de possibles décisions arbitraires de gouvernants qui cherchaient avant tout à préserver leurs avantages. La chute du Mur de Berlin puis la réunification de l'Allemagne n'ont d'ailleurs pas tout résolu. Les engagements politiques ou idéologiques des uns ou des autres, ou leur passivité vis-à-vis d'événements auxquels ils ont été confrontés, nous semblent souvent faciles à juger rétrospectivement, après que L Histoire a pu donner tort ou raison aux uns ou aux autres. En réalité les choses sont plus complexes : ainsi, si l'on peut louer le courage de Gerhard pendant la guerre, son aveuglement ultérieur sur la nature du régime qu'il a soutenu en RDA jette le doute sur les motivations de cet homme durant sa vie. Dans son prologue, l'auteur résume ainsi des contradictions auxquelles sont confrontés des allemands de l'Est : « Notre famille était une sorte de RDA en miniature. C'est là que se déroulaient les affrontements qui ne pouvaient pas avoir lieu ailleurs, c'est là que l'idéologie rencontrait la vie. »
De fait, l'hypocrisie ou la gymnastique intellectuelle qu'il fallait déployer pour vivre sous ce régime totalitaire sont impressionnants : les tentatives de contrôle de la pensée par le pouvoir et la surveillance de la population sont omniprésents. Par exemple, la STASI a de nombreux correspondants, la presse ne diffuse que ce qui est approuvé par le Parti Communiste (unique, et au sein duquel les débats internes sont proscrits), le premier critère de notation de certains devoirs scolaires est leur concordance avec des thèses officielles farfelues (le Mur de Berlin construit en 1961 serait un « mur de protection antifasciste », et sept ans plus tard la répression du Printemps de Prague une réaction à l'impérialisme occidental, …).

C'est surtout le cadre historique de ce récit autobiographique qui le rend intéressant. Cette lecture a évoqué chez moi l'ambiance de l'excellent film « La vie des autres » (Florian Henckel von Donnersmarck, 2006), mais aussi celle du plus léger « Good Bye Lenin ! » (Wolfgang Becker, 2002). Outre son intérêt historique, cet ouvrage amène le lecteur à s'interroger sur la manière dont lui-même aurait pu s'accommoder d'événements aussi tragiques provoqués par la succession de deux formes de totalitarismes qui se sont momentanément affrontés...

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