Wanderer

Non. Lenny, autant nous expliquer une bonne fois pour toutes. Je t'ai aidé de mon mieux à progresser, mais à présent je ne peux plus rien pour toi... Pour faire du piano ta profession, tu as besoin d'être pris en charge par un maître. Avec moi, tu prends de mauvaises habitudes. Je te freine plus que je ne t'aide !

Ecoute bien ce que je te dis, Hermin, fit-elle en détachant chaque mot. Ce gosse va gâcher ta vie, et quand tu t'en rendras compte, il sera trop tard !

Un adolescent l'avait quitté, un homme lui revenait.

Il semblait, par cette question qui ne pouvait amener qu'une seule réponse, que le jeune homme cherchait à se voir porter le coup fatal, comme poussé par le désir doloriste de "mettre à nu", une fois pour toutes, le saccage de sa vie, d'en prendre l'entière mesure, avec une sorte de joie tragique -celle de l'homme qui admire, dans la lumière, l'éclat du glaive qu'il va retourner contre lui.

Puis il déchiffra avec peine les deux vers manuscrits où il reconnut la. "Rhapsodie pour contralto" de Brahms :
"Ach, wer heilet die Schmerzen
Des, dem Balsam zu Gift ward " [Hélas, qui guérira le mal/ De celui dont le baume en poison s'est changé].
Bien sûr, ce n'était pas lui qui avait noté cette phrase.

Dix ans d'absence, dix ans sans musique et sans mots - et, pour renouer, cette simple phrase : Je suis de retour. C'était bien le garçon, ça...