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Critique de Calimero29


Finistérienne d'adoption et de coeur, je ne pouvais passer à côté de ce roman qui se déroule dans le Finistère de l'intérieur, celui des monts d'Arrée, celui qui attire peu de touristes, celui des légendes, celui de l'authenticité et de l'âpreté, celui qui se mérite.
« le passage de l'été » met en scène trois femmes très différentes dont le destin dramatique va se nouer dans le petit village du Bois d'en Haut. Nous sommes en 1994, en été.
Hélène, 16 ans, se prépare à devenir institutrice comme sa mère, a épouser un gars du coin et à passer le reste de sa vie au village.
Odette, fille de l'ancien médecin du village, résistant et communiste pendant la deuxième guerre mondiale, qui a été fusillé sans que qui que ce soit dans le village ne l'ait aidé, est partie à Paris, en 1944, bien décidée à ne plus revenir au milieu de ces gens qu'elle déteste. Elle a été embauchée comme bonne dans une famille bourgeoise. Mais le mal du pays la fait revenir en 1949.
Marguerite, brillante professeur de français dans un prestigieux lycée parisien, vient faire un remplacement, accompagné de son mari, écrivain connu et de sa fille adoptive, Lilly. Elle est à la recherche de sa mère biologique. L'arrivée de ces étrangers déclenchent rumeurs, jalousies, secrets dans ce village replié sur lui-même, jusqu'au drame.
Le portrait des trois femmes est particulièrement attachant. Hélène est propulsée violemment hors de l'enfance par le deuil, les premiers émois interdits et le rêve de quitter ce village étriqué, d'un ailleurs plein de promesses. de belles pages décrivent son attachement à son père. Odile n'a pas été épargnée par la vie qui l'a rendue aigrie, vindicative et qui va être l'artisan de son propre malheur. Enfin, Marguerite, est émouvante, en quête de ses racines, de son identité, rejetée, jalousée, perdue. Elles ont un point commun : l'émancipation par l'éducation, l'ouverture au monde par la littérature, l'envie d'aller plus loin, plus haut par la lecture.
Mais le personnage le plus important et le plus beau portrait, c'est celui de la Bretagne profonde. On pourrait penser que ce roman rassemble tous les poncifs sur la Bretagne (la bonne bretonne à Paris, les militants pour la reconnaissance de la langue bretonne, la druidesse….) sauf que l'auteur, Claire Léost, est originaire de Bretagne. Ce qu'elle évoque est une des réalités de l'histoire bretonne avec l'attachement au village, aux traditions, la pérennité de la langue bretonne, les légendes très présentes. On sent une certaine fierté, une tendresse pour cette région rude.
Un bien beau roman qui a reçu le Prix Breizh 2021.

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